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Vivre confinés
22 mars 2020

En Allemagne, un confinement limité


Ici, en Allemagne, là où j’habite (Düsseldorf en Rhénanie du Nord-Westphalie), nous ne sommes pas encore confinés mais toutes les manifestations sont interdites, les écoles et universités fermées, la plupart des magasins fermés et on doit respecter de nombreuses mesures de précautions : rester chez soi, ne sortir que pour l’indispensable, tenir la distance d’un mètre cinquante avec les autres etc.

En fait l’Allemagne est fédérale et jusque-là tous les règlements ont été pris par les Länder, avec en général un effet domino. Le gouvernement d’Angela Merkel voulait harmoniser les mesures pour tout le pays mais certains Länder, certaines villes ont déjà pris des mesures plus contraignantes, pas partout les mêmes : par exemple interdiction de sortir à plus de deux personnes en Bavière, dans la Sarre, à Cologne, pas plus de trois personnes en Bade-Wurtemberg, cinq personnes en Hesse !

On attend d’autres mesures plus contraignantes pendant le week-end.

On a le droit de se promener (en tenant une distance d’un mètre cinquante à deux mètres avec les autres, plus qu’en France !) Nous venons de faire une petite promenade mais nous n’avons pas vu beaucoup de gens. Tous avaient un air très grave et sérieux. La peur augmente chaque jour…

En général j’écoute la radio française et je regarde la télé allemande. Je trouve qu’en France on est beaucoup plus autoritaire.

Dans les nombreuses émissions spéciales de la télé allemande, on essaie d’être pédagogique, on explique la situation et les interdictions qui s’allongent et se durcissent chaque jour, en menaçant toutefois de mesures encore plus strictes si on ne respecte pas les consignes.

Elles sont très dures mais de plus en plus de gens les comprennent en voyant la situation dramatique de l’Italie, de l’Espagne, celle de la France aussi…

Il y a encore deux semaines, nous étions à Berlin pour une fête de famille. J’ai l’impression qu’il y a une éternité. La vie était presque normale : fête avec une trentaine de personnes, visite de musées, théâtre, restaurants… Le virus était encore peu présent à Berlin, mais on en connaissait l’existence et le risque. Certaines mesures avaient déjà été prises : annulation des grands salons, expositions, matchs de foot… On ne parlait que du coronavirus mais on ne pensait pas qu’il se répandrait très vite si on prenait des précautions : ne pas se donner la main, ne pas s’embrasser, se laver les mains très souvent, porter des gants dans les transports publics.

Mon fils et son conjoint, qui habitent à Tel-Aviv et étaient à Berlin, ont appris qu’ils seraient mis en en quatorzaine en rentrant en Israël puisqu’ils venaient d’un pays à risque. On pensait encore que c’était un peu exagéré !

En fait, c’est au retour à Düsseldorf, à la gare, que j’ai compris que la vie était en train de changer radicalement. A la station de taxis, il y avait au moins une centaine de taxis qui attendaient en vain les clients. Notre chauffeur de taxi nous a dit qu’il était là depuis quatre heures, qu’il n’y avait plus du tout de travail dans sa profession. Il était très déprimé.

Les jours suivants, toutes mes activités en groupe ont été annulées.

Mais j’ai encore fait une grande promenade avec une amie et nous avons mangé dans un petit restaurant ! Quand retrouverons-nous des contacts sociaux normaux ?

Mercredi soir, nous essayions d’oublier le virus en regardant un film à la télé quand le téléphone a sonné. C’est Viktor qui a répondu pendant au moins un quart d’heure. Quand il est revenu dans le séjour, il m’a dit ; c’est Mattias (notre neveu allemand qui habite Düsseldorf). Il est malade du coronavirus !

Cette nouvelle m’a bouleversée. Il a attrapé le virus dans son travail. Il a reconnu les symptômes typiques (fièvre, toux sèche, courbatures, maux de tête). Il a consulté un médecin qui a diagnostiqué la maladie du coronavirus et lui a conseillé de faire un test mais quand il a voulu prendre rendez-vous on lui a dit que ce n’était pas la peine puisque les symptômes étaient clairs. Il devait rester confiné deux semaines chez lui et se soigner avec du paracétamol.

Il va s’en sortir parce qu’il est jeune, mais son état de faiblesse va certainement durer.

Il est déjà chez lui depuis plusieurs jours, tout seul et malade. Personne pour l’aider, pour lui faire des courses. Il semblait assez désespéré quand il a téléphoné !

Ce qui m’a le plus bouleversée, c’est de le savoir tout seul, malade et que je ne pouvais pas m’occuper de lui. Quelle tristesse de ne pas pouvoir s’occuper d’un malade !

Viktor a fait les courses. Devant le supermarché un homme de la sécurité fait rentrer les gens un par un, à la boucherie on a mis une barrière entre les vendeurs et les clients…

Viktor a apporté les sacs avec les provisions devant la porte de l’appartement de Mattias.

Mattias n’a pas ouvert la porte, à mon grand soulagement.

Unbenannt

Personnellement je ne souffre pas du confinement, nous avons la chance d’habiter dans une maison au milieu de la nature. Mercredi il y avait une douceur printanière dans l’air et nous avons mangé au fond de notre jardin, sur la terrasse, vue sur un petit lac avec des cygnes et des canards. Tout autour des arbres en fleurs.

Je pense à tous ceux qui sont confinés et qui n’ont pas la chance de vivre dans un cadre si agréable… J’ai honte d’être privilégiée et en même temps, j’ai peur, pour moi, pour tout le monde et pour le monde entier…


Françoise BJ

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Commentaires
F
Bravo Francoise! Ton texte est si bien écrit et informatif que en quelques mots tu nous mets au courant de la situation en Allemagne et dépeints l'atmosphère régnante. Un grand merci et j'avoue "envier ton talent d' écrivaine" pour comme l'a si joliment dit ce petit garçon de 5 ans "un journal intimerc'estpour écrire ses tristesses" <br /> <br /> France
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