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Vivre confinés
22 mars 2020

Voyager en marchant aux temps de la pandémie


Année Vingt-vingt, je te retiens !

Après tant de départs et de rendez-vous supprimés, pourrai-je me rendre aux Journées de l’APA, du 19 au 21 juin, auxquelles je me suis inscrite sans tarder ?

J’ai choisi pour le samedi l’atelier n°1 « Voyager en marchant ? Marcher et méditer, marcher et écrire... venez nous raconter vos envies ou vos expériences, que cela concerne pèlerinages, randonnées, balades ou courtes promenades dans le jardin ! »

Alors voilà, je raconte. Je suis très en avance. En ce moment, le temps n’est pas comme d’habitude.

DSC04498

17 mars, dernière photo avant la fin du monde, en face de l’ile de Groix

J’adore marcher, depuis longtemps et pour de nombreuses raisons. Lorsque je suis sortie, hier et aujourd’hui, une raison supplémentaire, ou du moins formulée en termes plus officiels, m’a été fournie. Sur mon attestation de « déplacement dérogatoire », j’ai coché la case : « déplacements brefs, à proximité du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique sportive collective, et aux besoins des animaux de compagnie ».

Bon. En temps normal – le retrouverons-nous ? – je ne me contente pas de ces « déplacements brefs », j’essaie d’aller un peu plus loin et plus longtemps, en tout cas autant que je le peux. Voyager en marchant, c’est exactement ça.

J’ai beaucoup pratiqué les randonnées itinérantes. Avec des personnes choisies, à deux, trois ou quatre, mon compagnon, ma fille, des ami(e)s. D’abord, mais j’étais vraiment jeune, en portant sur mon dos tout le nécessaire, pour manger, dormir et me réveiller dans le paysage. Incomparable sensation. Dans les Cévennes, sur le Larzac… Et puis nous avons adopté une formule moins sauvage mais plus confortable : les randonnées « en liberté », avec plusieurs organismes qui vous fournissent cartes et itinéraires, retiennent pour vous les logements du soir et transportent vos bagages. Marcher dans le paysage, regarder, sentir, penser, s’arrêter, manger, se reposer, dessiner, écrire un peu… et le soir retrouver du monde, rencontrer des hôtes. Des gens qui, au fin fond d’une vallée pyrénéenne ou dans un hameau perdu des Causses, ont forcément toute une histoire. Parfois aussi, pour découvrir des contrées moins familières, nous avons rejoint des groupes organisés, pour des randonnées montagnardes au Maroc ou en Slovaquie, des « treks urbains » à Lisbonne, etc. Marcher avec des inconnus, et surtout des guides et accompagnateurs du pays, permet de belles rencontres, c’est une manière de voyager très instructive, sur les lieux et sur les gens. Parfois, en terrain de montagne, j’ai un peu souffert de ceux (ou celles) pour qui la marche n’est qu’une « pratique sportive collective », avec un certain esprit de compétition.

Marcher est une incomparable façon de voyager, plus physique, plus intime, parce qu’on fait tout le chemin d’un point à un autre, et qu’on y prend tout le temps qu’il faut. On ne dépend que de ses pieds, on s’arrête où on veut. On fait corps – et la tête peut s’évader. Se taire, ou divaguer, tout est possible.

Et maintenant ?

Je marche dans le périmètre qui m’est autorisé, un quartier de petites maisons avec jardin, à Lorient où je résidais quand le Coronavirus nous a tous saisis.

Je devais partir à Paris, puis dans la région de Montpellier, où se trouve mon autre résidence, le Mas de Soulas de ma famille à Viols-le-Fort.

En fond d’écran de mon ordinateur apparaît à chaque ouverture de session une nouvelle photo, issue d’un dossier que je compose et modifie au gré de mes séjours, de mes voyages – que des paysages, pas de photos de famille. Je reçois en cette période de confinement avec un drôle de coup au cœur les vues magnifiques de la garrigue de chez moi, des plages océanes autour de Lorient, ou des canaux et de ruelles de Venise où je marchais joyeusement il y a un an à peine.

Et voilà que dans ma promenade d’aujourd’hui, un peu au hasard, essayant d’aller où je croiserai peu de monde, je remarque soudain que je suis « rue de Tombouctou ». Cela me fait rire, oui c’est vrai, ce petit quartier d’un grand port de guerre et de commerce a été marqué de noms exotiques… Je prends la « rue des Antilles », je me retrouve à « Chandernagor », je dépasse la « rue du Cambodge ». La « rue du Chant des oiseaux » offre une poésie plus casanière, mais voilà « Pondichéry », et la « rue de Siam » – qui n’appartient pas qu’à Brest et à Prévert…

« Voyages voyages »… c’est le refrain entêtant d’une chanson qui trotte dans ma tête tandis que je marche pour rentrer chez moi.


Annie R., écrit le 20 mars 2020

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