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Vivre confinés

2 juin 2020

Clap de fin

 

par Elizabeth L.C.



clap


Ainsi s’achève l’aventure de l’Apablog… de cet Apablog du moins, car il y en aura peut-être d’autres, qui sait ? Focalisés sur d’autres événements, d’autres situations, d’autres thèmes que ceux de cet étrange printemps 2020.

Il a été entendu, dès le lancement du blog, que celui-ci prendrait fin en même temps que le confinement. Celui-ci étant levé progressivement, le blog est resté ouvert jusqu’au 1er juin. Il restera en ligne après sa clôture. Par ailleurs, l’APA réfléchit à l’usage qui pourrait être fait de ces textes (dépôt collectif, publication d’extraits ?), en accord bien sûr avec les contributeurs.

Je tiens à remercier vivement tous ceux et celles qui ont participé à ce blog en m’envoyant leurs textes et leurs images. Au cours de ces quinze semaines, je vous ai lus tous avec intérêt, avec surprise, avec compassion, avec plaisir, avec admiration… Aujourd’hui, grâce à vous tous, nous avons ici la substance même d’une période inhabituelle, telle qu’elle a été vécue au jour le jour. C’est un témoignage et une trace. Merci de l’avoir rendue possible. Prenez soin de vous…

 

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1 juin 2020

Tous des Cyrano de scène

 

par Lison


 

Nos amis, nos ennemis peut-être, avancent masqués. Tous comme des Cyrano de scène. Avancer masqué n’est-il pas le contraire de la vie ? Avancer masqué, avancer dans le flou, dans l’incertain. Le masque nous coupe du monde et de la communication. On voit mal avec un masque, on n’entend mal, aussi bizarre que cela paraisse. On respire mal. Le masque nous fait perdre nos repères, nous met en situation d’inconfort. Le port du masque est dissuasif de se déconfiner trop vite. Certes, pas pour tout le monde. Mais si le masque est l’outil le plus préventif contre le virus, pourquoi ne pas l’imposer provisoirement ? Au nom de la Liberté ? On a cependant été bien soumis aux injonctions ces derniers mois et l’on a tout accepté, chacun à son niveau et avec ce qu’il avait à faire avec sa propre vie car l’on n’a pas tous les mêmes leçons à tirer d’une telle conjoncture.

Cette crise sanitaire a-t-elle été instrumentalisée par les pouvoirs ? Les peurs et les paradoxes ont été au cœur des bouleversements qu’elle a imposés et n’est-ce pas par les peurs que l’on manipule les peuples ?

BBC 1er juin


Alors je préfère croire que le Covid 19 est un tremplin, un support pour une métamorphose planétaire. Je préfère croire à l’instinct qu’a eu chaque individu à prendre cette pandémie très au sérieux parce que sa peur, sa raison ou sa sagesse peut-être, l’a induit à accepter les ordres et les aménagements sans contestation ni rébellion. Pour la réflexion. Je pense que rien d’autre qu’une crise sanitaire ne pouvait autant toucher tout le monde. Pour moi, cette crise qui semblait dépasser tout entendement devenait un révélateur de toutes les souffrances mondiales non entendues. Elle était inexpliquée parce qu’inexplicable sur des plans séparés et distincts. Elle devait forcément entrer dans une globalité de réflexion et de pensées qui ferait de notre monde futur, un monde différent.

 

 

1 juin 2020

Cette fois, ça déconfine vraiment

 par Bernard M.



Le climat change et cette fois ça déconfine sérieusement, objectivement par les mesures adoptées pour le 2 juin mais aussi, subjectivement, dans les têtes. Dans ce blog qui va se clore, dernier billet donc pour documenter l’ambiance de ces derniers jours dans notre petite ville et mes ressentis.

Le marché samedi avait encore franchi une étape dans son retour à la normale. Quasiment tous les commerçants étaient là et les étals avaient repris leur position habituelle. Surtout les barriérages qui prenaient beaucoup de place et l’accès fléché avec sens unique ont été supprimés et l’on pouvait désormais déambuler comment avant, aller, venir, revenir sur ses pas. La seule précaution maintenue était les longueurs de rubalise devant les étals empêchant les clients de se servir eux-mêmes.

Mais surtout l’ambiance était différente, bien plus légère que la semaine dernière. Les bons chiffres sur l’évolution de l’épidémie, le risque de seconde vague qui semble s’éloigner, les mesures annoncées à partir du 2 juin, contribuaient à cette ambiance. Un peu de la convivialité du marché reprenait ses droits. On n’est pas là juste pour faire ses courses mais aussi pour voir du monde, échanger avec ses connaissances rencontrées aux coins des étals. En témoignaient aussi l’affluence autour des cafés servant depuis les petits comptoirs en plein air installés à leur entrée.

Tout ça avec beaucoup de masques cependant mais avec l’impression qu’inévitablement les mesures barrières ne pouvaient plus être respectées de façon aussi stricte. On le ressent pour nous-mêmes. Les réflexes de distance sont toujours là et le resteront je pense, mais je me rends compte qu’on est déjà moins systématique pour le lavage des mains.

 

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Un retour précieux de la convivialité


Impression similaire au lac où nous étions montés la veille, un peu tard pourtant, après le départ du gros des troupes. Il restait beaucoup de monde cependant, des groupes nombreux venus manifestement de la grande ville pour beaucoup. Des jeunes qui chahutent dans l’eau, des gens qui s’installent pour le pique-nique dans la belle lumière du soir, un groupe même autour de pipes à chicha. Plus guère de barrière donc pour beaucoup. Mon sentiment est partagé. Un peu trop de risques pris sans doute. Et en même temps il faut bien que la vie reprenne tout doucement, dans toutes ses dimensions. Pour notre part nous allons nous baigner vers le bout du lac dans un lieu plus tranquille.

Pour nous le changement essentiel intervient demain avec la fin de l’interdiction des déplacements à plus de 100 km. Malgré nos réticences nous allons monter à Paris. Cela se révèle indispensable vis-à-vis de nos parents respectifs. Les voir est essentiel. En se focalisant sur les risques de la maladie elle-même, on a trop oublié les risques annexes du confinement des personnes âgées, y compris celles qui sont à domicile. On donnera un coup de main aux djeuns puis on redescendra ici avec notre petit gars, ses parents et petite sœur nous rejoindront quelques jours plus tard. Enfin, c’est ce qu’on combine malgré les messages incitant à la prudence, assénés en direction de ceux qui comme nous ne sont pas les « très vieux » mais les « déjà vieux ».

Et deux autres petits symboles encore, du retour au « presque » normal :

Samedi pendant le marché, arrivée sur mon téléphone d’une photo réjouissante. Les mines déconfinées et tellement réjouies de S. et du petit bonhomme avec la mention triomphale : « ça y est, on est au parc, on est au parc ! ». Sacrée amélioration pour les Parisiens coincés dans de petits appartements sans verdure.

Et puis, voilà, envolées mes boucles envahissantes ! Très encombrantes et me tenant chaud certes. Mais presque dignes de mes années post soixante-huitardes (enfin pas sur le haut du crâne, bien dégarni). Le coiffeur est passé remettre de l’ordre dans tout ça, j’ai abandonné ma tignasse avec plaisir mais non sans une pointe de nostalgie.

 

La crise sanitaire s’apaise. Du moins pour l’instant. Ça enlève un poids et c’est déjà ça. Et nous entrons très progressivement dans la suite. Que sera ce « monde d’après » que l’on rêve résilient, plus solidaire et capable de juguler les désastres écologiques qui se profilent. On le rêve sans trop y croire. D’abord il n’est pas là, il faudra qu’il se construise dans les soubresauts de l’histoire et des crises économiques et sociales qui s’annoncent. Sans doute y a-t-il ici ou là des volontés et des signes encourageants, mais tant de forces hostiles aussi et si puissantes.

Le fond d’anxiété que l’on pouvait ressentir dès avant la crise sanitaire sur les perspectives de notre humanité n’a fait que se renforcer. Elle est là cette anxiété, au quotidien. Je la combats comme je peux. Mais je me rends compte de ses effets très concrets en moi, comme un déficit d’énergie, devant chaque jour qui se lève, devant chaque projet à mettre en œuvre…

 

Voilà, Vivre confinés s’arrête comme il se doit. Et donc moi aussi je dis au revoir et merci à tous les contributeurs et spécialement à Elizabeth pour sa gestion du blog.

J’ai vraiment apprécié la diversité des approches qu’on y a rencontré, tant sur le plan du vécu des confinements et des réactions psychologiques qu’il a généré que dans les formes d’écriture qu’il a suscitées avec notamment toutes les interventions de type poétiques qui n’étaient pas les moins évocatrices et me font parfois ressentir mes longues phrases comme bien pesantes.

En vérité tout ceci a été une forme de correspondance. Car même si peu de billets ont donné lieu à commentaires ou se sont répondus directement, il est manifeste que le partage, l’échange, non pas abstrait mais incarné, avec des personnes concrètes, ont été moteur d’écriture. Et je m’apprête à quitter certain(e)s billettistes avec regret.

Pour moi reste une question. Continuerais-je de mon côté ? Il est certain que j’ai retrouvé avec cette expérience le plaisir que j’ai eu pendant des années à m’exprimer par le biais d’un blog. Je m’étais arrêté par lassitude. À cause du sentiment aussi de l’écriture se substituant parfois à la vie ou de la vie perçue à travers ce que l’on s’imagine qu’on va en écrire, un peu comme le voyageur peut ressentir que sa vision des paysages est polluée par le cadrage qu’il en fait dans son appareil photo. Vieille question et qui rend compte de bien des intermittences de mes pratiques diaristes au cours de ma vie.

Il est sûr que j’apprécie bien le format de la chronique. Partir d’une chose vue, d’une lecture, d’un ressenti et chercher à le mettre en mots tant pour le mémoriser, que pour le clarifier pour moi-même, en tirer une réflexion éventuellement partageable, est un exercice que j’aime bien faire à l’occasion. Pas un journal donc, évidemment pas un journal intime, la publication, même à destination d’un nombre de lecteurs limités, le rend impossible, pas même un journal personnel s’astreignant à un minimum de régularité. Et, dans la foulée de ce que nous venons de vivre, je trouverai du sens à continuer à suivre ce qui va se passer, à tenter de la documenter de mon point de vue, puisque ce déconfinement n’est qu’une nouvelle étape, que la crise sanitaire n’est pas close comme sont inconnus les contours du monde à venir.

Mais en aurais-je suffisamment l’envie, tout seul dans mon coin, en dehors de la convivialité et du partage qui a caractérisé notre Vivre confinés ?

Je n’en sais fichtre rien. Je continuerai. Ou pas…

 

Et je clos ici avec des images de la plus fraîche actualité de mon jardin. La pleine floraison du jasmin. Je vous l’offre, à vous toutes et tous avec qui nous avons partagé ces mots. Sans vous en apporter le délicieux parfum. Pour nous rappeler qu’encore et toujours le réel vivant l’emporte sur nos mots et sur nos écrans…

 

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(Lundi 1° juin, 15 heures)

 

 

 

1 juin 2020

Mascarade

 

par Valérie-Anne W.


 

Cela fait dix jours aujourd’hui que je suis revenue « à la ville ». Je les ai vus dans les rues piétonnes, sur les trottoirs, dans les allées du marché. Je ne les reconnaissais pas. Ils avançaient masqués.

Je marchais au milieu de la chaussée, à distance, loin d’eux, sans masque… à visage découvert.

Je les regardais, tentant de retrouver des traits connus, je n’arrivais pas à mettre des noms derrière ces masques. Leurs yeux me dévisageaient. Je devinais bien qu’ils me voyaient comme la rebelle. J’aurais aimé qu’ils puissent voir ce qui se passait à l’intérieur de moi, mon angoisse de sortir après deux mois et demi de confinement en pleine campagne, loin de tout.

Pour pénétrer sous la halle, on devait prendre la file d’attente. J’ai vu l’horrible l’image des magasins d’alimentation en Pologne au temps du communisme… En même temps, il fallait respecter les marques au sol, les bandes signalaient les couloirs à emprunter et les flèches le sens des files, nous étions en liberté surveillée.

Prise dans cette mascarade, je croyais encore à une mauvaise farce, une espèce de commedia dell'arte. Je me sentais comme la chrysalide sortant tout juste de son cocon et je ne parvenais pas à déployer mes ailes.

Le défilé de masques continuait et s’affichait de toutes les couleurs, j’en ai même vu un turquoise assorti au béret d’une dame ! Cela m’a fait un drôle d’effet, j’ai eu peur que le masque devienne un accessoire de mode incontournable pour la rentrée prochaine…

Alors discrètement, j’ai glissé la main dans mon sac, j’ai déroulé le masque chirurgical blanc d’un côté bleu de l’autre, j’ai passé les élastiques derrière mes oreilles, pincé le fil de fer sur l’arête du nez. Et j’ai suffoqué. Je faisais partie de la troupe, fondue dans la même mascarade. D’un geste vif, je l’ai tiré vers le bas, à la base de mon cou comme un plastron. Je respirais, mes narines palpitaient, mes lèvres vivaient même si je ne les avais pas encore maquillées de rose, avec le baume réparateur, elles étaient moins sèches.

Démasquée, je suis rentrée chez moi, espérant le temps où les baisers, les vrais, reviendraient.

 

Witkowski 31 mai

31 mai 2020

 

1 juin 2020

Exil intérieur


Dernière semaine du déconfinement progressif

par Jasmine Schwarz


 

 
J15

Proximité familiale

retrouvée

se sentir invulnérable

fabriquer des anticorps

auprès des êtres aimés

pour que s'estompe

la pensée de notre mort

inéluctable

 

Sous le soleil de mai

le compost retourné

nourrira la terre

les Lumbricus terrestris

creuseront leurs tunnels

 

J16

Crise sanitaire

en régression

s'envoler vers d'autres horizons

Se laisser porter par la vague

Prendre un billet de TGV

pour une évasion

quelques jours en juillet

absorber le monde

 

J17

L'écrivain Albert Memmi

est parti

dans le silence des étoiles

La statue de sel

livre écho à ma jeunesse

en quête d'identité

et exil intérieur

 

Geste maladroit lumbago

les douleurs du temps

comme un rappel

à la vie qui suit son cours

 

J18

Première sortie sur le marché

peu fréquenté et coloré

les étals regorgent de beaux fruits d'été

les ombres se faufilent

à sens unique

 

J19

Aujourd'hui le vent

malmène les feuillages

Dans la maison

les courants d'air s'ébattent

entre portes et fenêtres

Sous le ciel qui flamboie

les fleurs s'illuminent

Multipliés par cent

les coquelicots

rouge sang

 

Pirouette de dernière comédie

verve impertinence et rébellion

Guy Bedos transcende l'humour

Il faut rire de la mort ! surtout quand c'est les autres.

 

coquelicots rouge sangJPG

J20

La rue a retrouvé

son cours bruyant

au loin les mobylettes pétaradent

et les périmètres de sortie

s'étendent

bouchons à l'horizon

exode urbain

pour un long week-end de pentecôte

 

J21

Grand ménage d'été

l'appentis se désemplit de l'inutile

Se concentrer sur l'essentiel

qui forgera les lendemains

assidûment incertains

 

J22

Un entre-deux-mondes

nous a emporté

dans la ronde des saisons

à la manière d'un rêve

d'où nous émergeons

subrepticement

 

À la porte de nos maisons

bientôt sonneront

l'oubli et l'indifférence


 

le 1er  juin 2020

 

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1 juin 2020

Vive le partage !


par Renée A.



Qu’y a-t-il de pire que d’être seul au monde ?

De ces jours de vie qui reprend, quel souvenir garderons-nous ?

Quoi de mieux que de voir un être humain réaliser un geste devant vous, un geste que vous reprendrez pour vous ?

Préférer attendre un livre (les Carnets blancs de Mathieu Simonet) quinze jours chez la libraire du quartier a-t-il un sens plus grand que de le commander chez la Mazone ?

Se dire qu’un jour, un jour peut-être, on mettra des visages sur des noms est-il utopique ?

Pour ces liens, ces lectures, ces images partagées, merci Elizabeth, et merci à ceux qui les ont inventés, mis en forme, fait circuler.

Vive l’Apablog !

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(1er juin 2020)

 

1 juin 2020

Retour

 

par Martine L.


 


Mon retour vers Paris, après 3 mois de confinement à la montagne, commence par un trajet en taxi. Le chauffeur du taxi me dit : « On a perdu 50% de notre chiffre d’affaires durant ces 3 mois mais l’État nous a bien soutenus. On a de la chance en France ». Je lui aurais sauté au cou car, oui, je le pense chaque jour, qu’on a de la chance de vivre dans ce pays. Mais distanciation oblige, je me suis contentée de renchérir.

Le retour continue en voiture avec une amie. 10 heures de route. Pas de contrôle des 100 km (pour la postérité, je précise que nous ne devions pas nous déplacer à plus de 100 km à la ronde pour ne pas propager le virus).

Paris est entre deux eaux. Pas encore la foule des grands jours. Les commerces sont ouverts - j’apprécie de pouvoir fréquenter à nouveau les librairies, j’ai acheté les livres de Helen Gestern et de Virginie Linhart. Cafés, restaurants, musées, cinémas, théâtres... sont encore fermés. Les lycées et les collèges aussi pour quelques jours encore - si j’ai bien compris. Les touristes ne sont pas encore de retour.

À la télévision, des publicités pour les voitures défilent à tout va. Le monde va t-il changer ? Je n’y crois guère... J’ai soigneusement évité durant le confinement la logorrhée des médias, télévision en tête, me tournant vers les diverses opportunités que nous avons eu de voir des replays, d’écouter des podcasts.

Paris donc. Joie des retrouvailles avec la famille, les petits-enfants, bientôt les amis.

« Les cerises sont mûres, les framboises, aussi me dit ma sœur. On vous attend ». Mon beau-frère se remet du covid, il est encore très fatigué.

Pour atteindre ce jardin de cocagne, nous prenons le métro puis le RER. Peu de monde, 99% des gens sont masqués et les places respectées. Le « marquage » généralisé est surréaliste, les hommes de la sécurité de la RATP montrent leurs muscles on ne sait pas trop pourquoi. Pas de messages audio, pas de gel à l’entrée, pas de distribution de masques. On est censés être informés et ceux qui n’ont pas de masque peuvent être refoulés... Durant notre trajet, aucun contrôle ni à l’entrée ni à l’intérieur des stations.

Lévy 1er juin A

Lévy 1er juin B

 

La circulation dans Paris est déjà dense, mais le masque protège aussi des particules fines... Le bruit est revenu.

Bientôt nous irons au cinéma, visiterons des musée - sans touristes -, avec les nouveaux gimmicks en tête : distanciation sociale, gestes barrière, masques, gel, covid 19...

C’est étonnant comme on intègre vite les instructions et interdits divers dans nos comportements.

Personnellement j’ai aimé le confinement pour le silence, le calme, les fleurs et oiseaux revenus, l’arrêt de la consommation à outrance.

Je savais déjà que j’étais une « privilégiée » et j’ai appris que j’étais une « senior à risque » ! Encore une information à intégrer. La vie continue.

Merci à l’APA et à Elizabeth d’avoir ouvert ce blog pour recevoir nos textes.


 

(Vendredi 29 mai 2020)

 

 

1 juin 2020

Le monde d’avant/le monde d’après…

 

par Catherine Bierling



Quand j’ai établi cette liste pour un atelier d’écriture, (en réponse à la question : qui suis-je ?) nous étions le 21 janvier 2020.

Il fallait faire une liste par ordre croissant d’importance :

1- Je suis une « exilée », vivant en pays étranger.

2- Je suis un témoin de la folie du monde qui se pose des questions sur le devenir de celui-ci.

3- Je suis une femme d’un certain âge, ou d’un âge certain, comme on dit.

4- Je suis une enseignante, passeuse de connaissances, agent de transmission.

5- Je suis une observatrice fascinée par le monde animal, végétal, minéral… et humain.

6- Je suis une écrivante : poèmes, journaux, blogs, textes créatifs…

7- Je suis un être humain pris dans un réseau de relations importantes : femme, sœur, fille, mère, grand-mère, tante, amie…

 

On peut dire que l’ordre du monde a été quelque peu bouleversé entre temps. Cela a-t-il changé la manière dont je me perçois dans ce monde ? Voyons voir…

1- Je n’aurais jamais imaginé le 21 janvier que le mot « exil » puisse prendre pour moi une toute nouvelle signification. Que les frontières entre mon pays d’origine et le pays où je vis  

- ainsi qu’entre tous les autres pays - puissent redevenir aussi impénétrables, je ne l’avais pas anticipé. Je songe au poème de Joachim du Bellay : « Quand reverrai-je hélas, de mon petit village, fumer la cheminée et en quelle saison reverrai-je le clos de ma pauvre maison ? » Quand reverrai-je ma famille, mon village, mes montagnes d’adoption, mes rivières et mes sentiers ? Bientôt je l’espère. On nous a promis le quinze juin…

Il y a de différents degrés dans l’exil.

2- « La folie du monde » : là aussi, la situation actuelle dépasse tout ce que j’avais pressenti, redouté. Je n’en étais qu’un témoin lointain, se supposant à l’abri de ses remous trop brusques. Mais la folie est à ma porte. (Voir les théories conspiratrices hallucinées qui circulent en ce moment largement en Allemagne.) Les protections et les remparts deviennent minces, très minces…

3- « Femme âgée » : entre temps, le couperet s’est abattu sur les très âgés, ceux qui sont en Ehpad, ceux qui souffraient déjà de pathologies plus ou moins graves. Relativement parlant,  je fais partie des plus jeunes dans la catégorie senior. On a évoqué un moment la possibilité de confiner « les vieux » à partir de 65 ans. (Cela s’est fait en Turquie.) J’en fais partie. On constate une mortalité aggravée à partir de 75 ou 80 ans. J’échappe encore à cette catégorie, mais je suis cependant classifiée dans « les groupes à risques ». C’est à dire que je ne sais sur quel pied danser. J’étais une femme âgée qui se sentait parfois encore très juvénile, j’aimais tant les échanges et franchir les passerelles entre le monde des jeunes et celui des anciens… J’espère que celles-ci ne disparaitront pas tout-à-fait !

4- Enseignante : en catastrophe, j’ai dû abandonner mon poste, une mission qui me plaisait, mais que je savais bien devoir délaisser dans les mois ou les années qui suivraient. Plus le temps de tergiverser ! L’importance de ce que j’avais à transmettre devenait de toute manière de plus en plus aléatoire. (« Tout le savoir se trouve sur Internet ! ») Et à présent, tout doit se transmettre virtuellement. Je n’arrive pas à m’imaginer enseignant toute seule devant un écran. J’ai trop besoin de sentir les réactions, les regards, les hésitations, les sourires, les silences, la présence en chair et en os des participants. Je renonce donc dès à présent à ce monde enseignant trop virtualisé : non merci, sans moi.

5- Observatrice : ce rôle-là me reste et prend même davantage d’importance. J’ai toujours été fascinée par le monde naturel qui m’entoure. Née à la campagne, j’aime tout regarder, et tout me fait rêver : araignées, orties, nuages, rochers, rivières ; mais aussi les êtres humains qui font partie de ce grand zoo, même s’ils ont tendance à s’y croire supérieurs. Oui, heureusement, il me reste encore mille choses à observer… et à noter, ce qui m’amène au point suivant.

6- Écrivante : depuis que je sais tenir un stylo ? On ne sait guère d’où viennent ces prédilections. Mettre le monde en mots, jouer avec eux, essayer de trouver l’expression exacte ou se laisser pousser vers l’expression spontanée, l’écriture automatique ; des mots bleus, des mots blancs, des mots sombres, des délires et de la raison, de l’espoir et de l’incompréhension, des questions et des exclamations. Même s’ils s’échappent parfois lorsque je voudrais les saisir, les mots sont mes amis de toujours.

 

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J’ai aimé participer à ce blog qui m’a permis d’exprimer ce que je ressentais et de partager les expériences d’autres participants.

En Allemagne, j’étais confinée un peu moins sévèrement. Mes promenades (limitées à deux personnes en respectant les distances) n’étaient pas limitées dans le temps ni (trop) dans l’espace et je n’avais pas à fournir de justificatif de mes déplacements.

Mais grâce à mes co-blogueurs, j’ai pu me promener dans maints coins de France, des Alpes à la Bretagne et au Midi toulousain, (et même un peu en Suisse !) dans de beaux jardins, de magnifiques paysages et de petites villes inconnues de moi… Merci pour ce partage, j’espère qu’il laissera une trace positive dans la mémoire et dans le cœur de tous ceux qui y ont participé !

7- Dans cette phrase, plusieurs mots sont importants : être humain, réseau, relations. Peut-être faudrait-il ajouter les mots amour et amitié ? C’est la réponse la plus importante mais aussi la plus complexe. Qui dit relations humaines dit risques de heurts, de différends, de positions antagonistes, d’espoirs déçus. Mais aussi : rires complices, écoute, aide, empathie, gestes tendres, échanges, tendresse, communauté de destin. Cela, aucune pandémie ne devrait pouvoir le changer.

Je suis donc toujours plus ou moins en phase avec ce que j’avais écrit en janvier. Mais c’est le monde qui me semble radicalement changé. À présent - et pour un certain temps encore - nous devons nous tenir à distance les uns des autres. Quel étrange sentiment. Nous nous rendons compte à quel point ils nous manquent, tous ceux qu’on ne peut plus toucher, embrasser, caresser et même ceux à qui on ne donnait qu’une poignée de main ou une bise hâtive…

Nous n’existons qu’en lien avec ceux qui nous entourent et ce lien est durement touché.

 

Qui étais-je, qui suis-je, qui serai-je...  qui serons-nous donc dans « le monde d’après » ?


 (31 mai 2020)           

 

31 mai 2020

Carnet Edemya

par Guillemette de Grissac


un Carnet de confinement/déconfinement outremer - 18 mars-29 mai (extraits)



C’est à la Réunion – mon « ex-île » que je me trouvais au moment où le confinement a été décidé. A la veille de partir. Il n’était pas prudent de rentrer à Paris. Avec mon compagnon nous avons loué un bungalow dans un « village de vacances » près d’Etang Salé, à 200 mètres de l’Océan. Sans savoir pour combien de temps.

Au cours de la première semaine tous les vacanciers sont partis.

Deux mois exceptionnels ont passé.

Chaque matin, vivre le lever du jour. Chaque soir, munis de la « dérogation » aller encore à la plage pour le coucher du soleil et voir s’allumer les étoiles. Chaque nuit observer les planètes. Je vais donner ici quelques extraits de mon carnet tenu entre le 17 mars et la fin mai. C’est ainsi que le carnet de mai comporte le déconfinement et les impressions du retour.

Les photos témoignent.


 
17 mars, Ile de la Réunion,
Étang Salé, EDEMYA :

EDEMYA : Notre nouvelle résidence : un bungalow de vacances, plutôt vaste, avec des couleurs vives, idéal pour bien respirer. Les derniers vacanciers vont partir. Il n’en viendra pas d’autres

L’approche se fait à petits pas – au début je ne sais pas encore si je vais aimer ce lieu, j’aurai trop chaud ou trop froid ou trop je ne sais quoi, trop de méfiance … Et puis le lieu m’apprivoise complétement. La peur reflue. La peur qui empêche d’être. ETRE adviendra.

EDEMYA. Dans ce nom

Il y a
EDEN
On peut entendre aussi EPIDEMIA, épidémie et même pandémie.
Il y a les couleurs de l’EDEN
Le vert le bleu le pourpre des bougainvillées le jaune de l’hibiscus
La danse des palmiers
Libres animaux oiseaux abeilles lézards papillons

 

20 04 22 Etg Salé bungalow

 


Il y a aussi un ylang-ylang qui a perdu son parfum mais porte encore quelques fleurs et quantité de fruits noirs, comme des grains de raisin. C’est un arbre qui fait des coudes noueux même quand on ne le taille pas. Je n’en avais jamais vu d’aussi grand ; c’est mon préféré au début : il m’accueille, me prend dans ses grands bras. Ici, l’automne arrive, très doux, et sempervirens, arbres et arbustes restent verts.

 

19 mars Plage d’Étang Salé 

 

Vagues immenses, dentelles géantes. Va-et-vient de nombreux pétrels chaque soir, au matin, couple de hérons. Les couchers de soleil sont tous inattendus, délire de teintes roses, rouge sang, or et pourpre, troupeaux d’ours ou de dragons, timides petits nuages effilochés.

 

20 03 25 Etg Salé 04 a plage matin

 

Au bungalow : À ma droite le balancement d’une feuille de bananier, à mon oreille le pépiement d’un oiseau, dans ma tête cette beauté de l’instant... Et la nuit un clin d’œil à Sirius, et, au petit matin rester sidéré par Jupiter, Saturne et Mars... En moi, les images sereines de ceux que j’aime, quel défilé.

Un jour nous comprendrons que la poésie n’était pas un genre littéraire mal vieilli mais une affaire vitale, la dernière chance de respirer dans le bloc du réel. Christian Bobin

 

19 mars Départ matin 5h 30 : la trille brève du foudi sur le chemin ; une chauve-souris s’attarde ; il y a tellement de nourriture à portée d’antenne ; plage : vol du héron vert sur les rochers sombres ; tiens, où est passé le deuxième héron ? Hier il y avait le couple. Laisser les sandales et la lampe au creux d’un rocher, toujours le même, et marcher vers le jour. Le sable peu à peu s’éclaire. Soleil en face. Écume resplendissante.

Chaque nuit la mer reconfigure la plage ; les traces de vagues : des montagnes chinoises, œuvre d’art « ready made » comme les Chinois les font en isolant des éléments de jade ou d’onyx, ou de simples galets qui « représentent » les montagnes aux contours adoucis par la brume. […]

À découvrir chaque matin.

Chaque aurore est un cadeau. Certains matins, ce sont les grandes orgues, d’autres fois une petite musique.

Souvent la beauté de la plage me prend à la gorge.

 

20 03 29 Etg Salé 33 plage au soir forte houle Lune Vénus

 

EMBRUNS vous ne laissez nulle part
L’empreinte de votre secret
Seules nos lèvres gardent de vous
Cette saveur de sel et de larmes        
François CHENG

 

22 mars

Plus de traces d’avion dans le ciel.

Et les nuages se mettent en fête pour nous raconter des histoires.

Mon cerveau s’est ralenti au point de n’émettre que le minimum de pensées : tout entier pris par les bruits extérieurs, roulement de la houle, chant du bulbul, pioup pioup (ou tchip tchip ou tak tak) des passereaux, l’écho, plus loin de la tourterelle, wou ou, c’est la malgache, les autres je n’arrive pas à figurer le son (ni à le reproduire), par le balancement des palmes, le mouvement de deux papillons jaunes qui se rencontrent et se quittent.

Sentiment de vivre débranchée.

 

Les 3 sœurs

Juste avant le lever du jour, les 3 planètes : à chacune je donne un surnom.

Jupiter : la grosse brillante, Saturne : la lourde lointaine, qui n’ont pas changé leur relation depuis février.

Mais Mars : la petite rouge, la très proche Mars, folâtre autour d’elles. Naguère en chef de file, puis entre les deux autres, elle se décale vers la droite. Bientôt elle sera mitoyenne de Saturne. Enfin, à nos yeux.

Ah, tiens, Mars, parlons-en !

Mars 2020, le confinement, la mort à portée de main, la souffrance des gens qui meurent seuls. Les vaines agitations, les travailleurs qui s’épuisent, les chercheurs aussi.

- Moi, dit la petite rouge, je vous assure que je n’y suis pour rien !  Pareil pour les guerres. On peut même dire que j’ai bon dos.

[…]

 

3 mai, RIVAGE 6h

Un énorme vrombissement parcourt La plage encore nocturne, apparait filant sur le sable une moto lancée à pleine vitesse. Stupéfaction : peut-on en ce moment de grâce être présent à autre chose qu’aux premières lueurs, à la couleur tendre des nuages à l’éveil des crabes qui commencent à courir vers la mer ? Avec le vacarme du moteur, l’odeur aussi se répand, mélange d’essence et d’huile.

Quand le jour arrive le vandale est déjà loin, ses traces partout : la plage est entaillée de blessures, des plaies ouvertes que l’océan viendra lécher comme un animal blessé son pelage. Sa moto a fait des boucles et des tours – 2 km de plage c’est vite avalé – laissé un peu partout l’empreinte des pneus, il a longé le rivage, fait grimper l’engin sur les dunes.

Quelques minutes ont suffi à détruire l’équilibre du jour. Dans l’air flotte un relent de souillure que le fracas des vagues ne dissipe pas encore. L’odeur amère de la barbarie mécanique déchirant le tissage du vivant. Ce n’est pas seulement le sable qui est écorché vif, c’est le pur silence de l’aube, c’est la transparence d’un air irrigué d’embruns, l’haleine tiède des vagues, c’est le geste calme du pêcheur lançant sa ligne, le mouvement des premières brises balançant les filaos, c’est le pas tranquille des amoureux de l’aube, cette impalpable et fragile sérénité du nouveau matin.

Quelques heures, quelques jours, l’avancée de la marée, un peu de vent, et les traces auront disparu, bien sûr.

Mais qui dira la détresse d’un matin de mai ? Mis à mal, comme tant d’autres matins d’autres nuits, d’autres rivages navrés, d’autres forêts arrachées ? d’autres saccages – lumières urbaines, bulldozers, tronçonneuses, engins d’une guerre contre le vivant, contre soi-même.

L’océan, à la pointe, a cassé le béton, arraché les parpaings comme il a déterré les arbres, réduit les constructions en débris dérisoires. Un jour ou l’autre, l’océan aura le dernier vacarme.

 

20 04 26 Etg Salé 11 plage matin

 

 

ÉTANG SALÉ 11 mai 20

Après ces moments de vie « intérieure », de temps suspendu, voici le retour au temps de tous, avec, sous nos yeux la vie de tout le monde et voici la nôtre, exposée à tous, après le repli, les confidences, les interlocutions complices, le dialogue avec soi-même, le sentiment dérisoire d’être des privilégiés de la pensée, de la parole. Ce temps de stase a donné sa place au silence, à la « vraie vie », à la lenteur, à la relation à la nature, nous a – me semble-t-il, dégagés des artifices. Masqués, dissimulés et ridicules avec nos masques, nous sommes sans doute plus authentiques, plus vrais. Les masques font tomber les masques : aller à l’essentiel. Difficile de bavarder avec un masque, de minauder, de susurrer, pas de rouge à lèvres, pas d’anneau dans le nez, ni de moustache conquérante ou en tout cas, pas visibles. Pas de paroles en aparté. Sans doute c’est triste d’être ainsi amputés d’une part de la communication, oh, le sourire, comment le faire encore plus brillant, avec les yeux bien sûr ! Et les gestes complices, tapes sur l’épaule, mains qui se touchent, bras tendus, joue offerte ? Nous trouverons le moyen de vivre et d’aimer, bien sûr, de le dire, de le faire sentir.

« La vie passe à la vitesse d’un cri d’oiseau. Et puis il y a cette lenteur hypnotique des nuages. » CB

 

Villeneuve 19 mai

[à Izabel, Saint-Denis La Réunion]

Ce jour mistral froid sur ciel bleu acier.

Depuis que nous sommes rentrés, je pars chaque matin marcher au Rhône, tant la marche du matin-tôt est devenue vitale. Trop froid ce matin. Mais, ce mistral, quel superbe balayage de feuilles, de nuages, de poussière. Tout est net. Net comme un tournesol, comme dit Pessoa.

Les genêts courent partout sur les remblais, les haies, le jaune éclabousse le vert.

En bas, sur le pavé, la vie va, avec ses petites vieilles masquées qui trottinent, apeurées, sur les trottoirs. Avec ces jeunes qui exhibent leur vitalité en riant fort, en s’habillant sexy.

Et ce silence, qui fait plutôt du bien, quand on est habitué aux voix alcoolisées débordant des terrasses.

Nous irons, ce soir encore, observer Vénus. La planète – la nôtre – est si petite, qu’on a beau tracer pendant 12 heures dans un avion, le même spectacle s’offre à nous : nuages roses, voiles du couchant, et Vénus juste au-dessus du soleil à peine disparu, Vénus plein phare […]

La beauté de Vénus est sereine. Elle nous apporte la plénitude. Non loin d’elle, on réussit à voir Mercure, la petite blanche, juste un point. Toutes les nuits, nous continuons à regarder les TROIS REINES alignées, Jupiter, Saturne et Mars. La "grosse brillante", la "lourde lointaine" et la petite rouge, comme je les appelle. Vers 4 heures le matin.

Elles sont visibles à la même heure qu’à la Réunion, les trois. Au-dessus des maisons...

Quand on se règle sur les planètes, il y a peu de changement, si ce n’est que désormais j’ai de moins en moins envie de me lever à 4h et que l’horaire de l’apéro est décalé. 21 h au lieu de 18h. Et je sens refluer mon énergie.

Allons, c’est l’univers qui nous porte.

[…]

 

Villeneuve 28 mai

 

20 03 23 masque (2)

 

Plongée dans la poésie. Après Cheng et Bobin, nos figures tutélaires du confinement, voici retrouvé Yvon Le Men. « Le poids d’un nuage ». Oui, cela je l’ai vécu, cette légèreté de l’air, ces merveilleux ciels couleur de dragée, ce bonheur des mots dans un temps suspendu.

 

Villeneuve 29 mai

Poème pour mes amis – d’ici et de là-bas.

La Terre tourne

autour de ses couleurs

Les palmiers vivent sous mes paupières

J’attends que se lèvent les voiles

or et rose de l’aurore

que le sable sous mes pieds crisse

Au premier chant de tourterelle

je boirai le soleil

les rayons

m’irriguent de lumière

ils entrent à l’extrême de l’être

la Terre tourne

et de mes poumons frêles

j’aspire ses couleurs


 

Les deux premiers vers sont extraits de « Le poids d’un nuage » de Yvon Le Men, p 127, Bruno Doucey, 2017

 

 

31 mai 2020

Ce n’est qu’un au revoir

 

par Françoise BJ


 

Comme Anne et Annie, je voudrais m’exprimer une dernière fois sur ce blog, même si je n’y ai pas participé depuis un certain temps.

Si je n’ai plus envoyé de billet, ce n’est pas parce que j’ai retrouvé ma vie d’avant la crise. Mon anxiété demeure, non pas pour ma santé mais je pense tellement à cette situation dramatique et à ses conséquences multiples que je ne peux être insouciante.

Alors pourquoi ne pas avoir partagé avec vous mes inquiétudes ? Deux raisons :

1) Je n’arrivais plus à écrire « autobiographiquement », tout ce qui venait sous ma plume n’était que des généralités avec des comparaisons entre la France et l’Allemagne et je ne voulais pas faire de journalisme !

2) Vu mon âge, cette pandémie m’a fait prendre conscience que ma vie pouvait s’arrêter brutalement. Alors, ce projet qui me tient à cœur et que j’ai évoqué dans mon premier billet, j’ai décidé de le finir (pour l’envoyer à l’APA). Je l’ai repris, il me prend du temps et de l’énergie.

Mais tous les jours, j’ai lu avec grand intérêt le blog et tous vos témoignages, j’ai partagé et compris vos émotions…

Merci à vous et surtout à Elizabeth pour l’organisation de ce blog.

A bientôt à l’APA

Et continuez de prendre soin de vous…

merci

 

 

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