Au bord de l’eau

par Annie R.

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Toujours impossible, pour l’instant, d’aller jusqu’à la côte, voir l’océan, respirer l’air du large. « Non, non non non, il n’en est pas question ! », cette phrase de « La tendresse », chanson de Bourvil devenue un super-tube du confinement, revient régulièrement dans ma tête tandis que je déambule…

Néanmoins… Dans un rayon d’un km (à peu de chose près), il nous a été possible d’atteindre le bord de l’eau, en différents endroits sur la Rade de Lorient. Et c’est déjà ça !

Samedi dernier, nous avons marché vers la Base, anciennement de sous-marins, aujourd’hui espace de loisirs, pôle de compétition pour la course au large. J’ai tenté de photographier les mouettes en plein vol, puis les cygnes glissant sur l’eau. Il y avait un vélo posé contre un arbre. On entendait quelqu’un parler fort, j’ai pensé que le cycliste assis en contre-bas s’adressait à son téléphone portable. Pas du tout. En nous approchant, nous avons basculé dans un autre monde.

La voix s’adressait aux cygnes, les appelait, pour leur donner à manger. Le discours était à flot continu, dans une émotion extraordinaire. L’accent, puis le visage rieur sous le casque de cycliste quand la dame s’est retournée vers nous, nous ont fait hésiter entre Afrique, Antilles, ou la Réunion. On ne comprenait pas tout, et c’est certainement bien dommage. Je parvenais juste à retenir quelques-unes de ces paroles exaltées : « Oui, venez, oui, mangez ! Regardez ça ! Quel bonheur, mais quel bonheur ! » J’avais déjà photographié, d’abord de loin, discrètement, et la dame nous invitait encore : « la phot’, prends la phot’ ! avec ton téléphone, prends la phot’ » ! Pas au téléphone portable, mais avec mon appareil photo, oui, c’est fait, merci beaucoup madame, nous garderons la trace de ce moment… En continuant notre chemin nous l’entendions encore : « Quel bonheur, mais quel bonheur ! »

Dimanche, promenade au bassin à flot. Tous les bateaux bien sûr étaient à quai, un couple de plaisanciers s’affairaient à bord, grand nettoyage, autant profiter de cette période … Peu de monde, en ce tout début d’après-midi, ça se peuplait peu à peu, promeneurs tranquilles, respectueux des distances, heureux de partager le plaisir de marcher. Nous avons revu les quais pavés, la tour de la Découverte, les modernes emblèmes du Port que sont les trois barres de logements HLM restructurées, réhabilitées par Roland Castro - du beau travail. Et le plus récent, la Maison de l’Agglomération. Je ne suis toujours pas convaincue, mais on s’habitue… Quand passe la navette de la CTRL, qui permet avec un ticket de bus de traverser jusqu’à Port-Louis, nous sommes contents de la voir. Fonctionnement réduit, mais au moins, il y a du mouvement sur la Rade.