Chaudière, Covid et caetera

 
par Anne Poiré

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Pour nous chauffer l’hiver prochain, nous avons fait le plein de mazout, cet après-midi. Remplissage de la cuve hautement sécurisé : paiement par virement, aucun contact avec le livreur, charmant, du reste, qui peut remplir ladite cuve par l’extérieur, sur le côté de la maison. J’ai tout de même ajusté mon masque en tissu fabriqué à 18 kilomètres de notre village, afin de répondre à son coup de sonnette et lui confirmer notre présence. Son étonnement, en me voyant ainsi protégée, me dit que peu de clients prennent ces précautions. Je n’avais pourtant pas enfilé de gants !

Entre ceux qui font très attention, et les autres, quel est le juste milieu ?

Pure coïncidence, un autre souvenir associé aux installateurs et chaudiéristes, restera, sans doute, de ce temps du confinement. C’est ce que vient de vivre C., en ce même jour. Elle a été profondément inquiète lorsque son voisin, âgé de 78 ans, est parti en ambulance accompagné par des hommes déguisés en astronautes, pour être doté d’oxygène. C’était il y a bien plus d’un mois. Quel soulagement, pour elle, lorsqu’elle a appris qu’il quittait enfin l’hôpital, et se rendait en soins de suite, il y a quelques semaines. Il vient enfin de rentrer chez lui, certes affaibli - il a perdu plus de dix kilos, beaucoup d’énergie -, mais visiblement la médecine le considère comme guéri.

Ce monsieur qui vit seul l’a appelée pour lui demander de bien vouloir passer pour lui à la pharmacie, et, au passage, il lui a expliqué son souci. Depuis son retour, sa chaudière résiste à tout redémarrage. Corollaire bien gênant, l’eau chaude ne fonctionne pas davantage. L’entreprise avec laquelle il a un contrat d’entretien a refusé de s’occuper du dépannage, en raison de ce fichu Covid, qui l’a touché.

C. a aussitôt lancé un appel à l’aide sur Facebook. Sur les réseaux sociaux, que beaucoup critiquent, les réactions bienveillantes se sont enchaînées, et, miracle, le problème est désormais résolu. C. a tout de même dû essuyer NEUF fins de non-recevoir avant de trouver un artisan qui accepte de se déplacer. En trente minutes, la pièce défectueuse était changée, le voisin de C. pourra désormais à nouveau se laver, et surtout, retrouver une température acceptable dans son appartement : malgré ce printemps précoce et plutôt généreux, quand on sort de tant de semaines de soins, le moindre courant d’air paraît insupportable et peut devenir dangereux. Cet être isolé, sans famille, a été particulièrement touché par la solidarité, la bienveillance, l’efficacité des formidables réseaux sociaux.

"Crépitement tendre"

Personnellement, je trouve également C. – sa voisine - exceptionnelle.

Si ce monsieur la reçoit de loin, avec masques, gants... elle-même a subi une opération, il y a peu, qui fait d’elle un « public à risque ». Elle est aussi fumeuse. Eh bien, sans hésiter, elle s’est démenée pour lui, qu’elle connaît à peine, et a trouvé des solutions concrètes pour qu’il puisse profiter à nouveau, dans de bonnes conditions, de son douillet chez-lui. Élan rassurant : certains se méfient des réseaux sociaux, néanmoins, sans eux, 4 heures 30 après son appel, C. en serait sans doute toujours à téléphoner, dans les pages jaunes, à toutes les entreprises possibles. Or là, tout est réglé.

Alors, certes, distanciation sociale. Mais liens, également. Des liens possibles, des liens différents, des liens émouvants, qui font d’ailleurs vraiment chaud au cœur !

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(Lundi 27 avril et mardi 28 avril 2020)