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Vivre confinés
23 avril 2020

Googleries 2

par Bernard M.


Je reçois aussi sur mon portable de temps à autre, à la date anniversaire du jour où les photos stockées sur Google ont été prises, des messages sous la forme : « Redécouvrez cette journée… »

Comme j’ai des albums photos en ligne depuis août 2010, ça commence à en faire des occasions anniversaires !

Avant d’ouvrir le lien, je prends quelques secondes à essayer de deviner : « à cette date-là, où étions-nous, que faisions nous ? » et puis je fais surgir les images.

L’autre jour, où j’étais d’humeur déjà un peu sombre, ne voilà-t-il pas que c’est une photo de cimetière qui s’affiche. Drôle de clin d’œil ! Enfin, drôle, ce n’est pas vraiment le mot. D’emblée je ne vois pas très bien où cela peut être. Pourquoi donc aurais-je photographié des tombes banales, sans charme particulier ? Et puis, faisant défiler les autres photos, ça me revient. C’était un circuit dans la région avec mon père, nous avions fait une tournée dans le sud tarnais, passant de la petite ville dont ma grand-mère était originaire au village de mon grand-père et nous avions fait halte dans les deux cimetières, passant en revue sous sa conduite les tombes des deux branches de la famille.

C’était en avril 2013, mon père était encore en pleine forme, physique et intellectuelle, à ce moment-là et nous avait régalés de tas d’anecdotes de son enfance et de sa jeunesse. Passant à G. nous avons vu que la maison familiale semblait ouverte. Surprenant, car nous la pensions fermée. Plus personne n’y habite depuis la mort de ma grand-tante il y a de nombreuses années. La cousine qui en est propriétaire vit désormais cloîtrée dans sa maison de Castres et n’y vient plus du tout. Nous allons sonner. C’est M. qui nous ouvre, l’ancienne employée de la famille, une très, très, vieille dame mais toute pimpante et qui reconnait tout de suite mon père. Elle nous explique qu’elle vient chaque jour ouvrir et fermer la maison et vérifier que tout va bien. Brassées de souvenirs échangés entre les deux anciens. Quant à moi j’ai quelques souvenirs de ce lieu quand j’étais enfant et puis c’est le lieu de la « fameuse » photographie, dite « photo des quatre générations » qui dira peut-être quelque chose aux lecteurs de La Faute à Rousseau n°77

Me revient aussi que j’avais écrit à propos de cette journée. Alors je replonge dans les profondeurs de feu mon blog et retrouve sans peine le billet en question. Je le relis avec plaisir et nostalgie. Vertige de ses collisions temporelles que rend possible l’intertextualité d’internet et qui aurait ravi un Claude Mauriac !

 

17 avril st fé (8)

Tour du lac, avril 2015


Des photos d’autres avrils remontent : 2015 ; voici une promenade au lac avec mon père et la mère de D. On avait fait encore avec eux sans difficulté les quatre bons kilomètres du tour complet. Peut-être était-ce la dernière année. Ensuite les sorties se sont réduites mais toujours ces visites de printemps contribuaient à le ragaillardir. Il venait traditionnellement passer une dizaine, une quinzaine de jours, chez nous en avril ou en mai, parce que c’est la saison la plus agréable, que c’était le bon moment pour le sortir de Paris après l’hiver, que ça permettait à la dame qui s’occupe de lui de faire une coupure de quelques jours.

Bien sûr ce ne sera pas le cas cette année.

Ce qui nous ramène à la dure réalité du confinement. Quand reviendra-t-il ici ? Et marchera-t-il encore après ce confinement, pendant lequel il n’a plus de séance de kiné, où il ne fait plus le moindre exercice, n’allant plus que de sa table à son fauteuil devant la télévision et à son lit. A la régression naturelle que porte l’âge s’ajoute ce surplus qu’induit la confinement, l’absence de visites sinon celles de sa précieuse aide à domicile, les moindres stimulations physiques et intellectuelles, l’approfondissement de l’ennui, la mise à distance de tout… Je m’en rends bien compte dans nos conversations téléphoniques, de plus en plus brèves, de plus en plus laconiques. Je l’appelle deux/trois fois par semaine, il n’a rien à me dire et moi je sais de moins en moins quoi lui dire…



(mercredi 22 avril, 23 heures)         

 

 

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Commentaires
B
Il est sûr que c'est nous qui fournissons aux grands prédateurs de données tout ce dont ils se repaissent. Les photos n'en sont qu'une faible partie, tout ce qui passe dans nos connexions, nos téléphones, tout ça est engrangé.<br /> <br /> Je pèse cela avec l'intérêt que je retire malgré tout de ces services de ces partages et continue à les utiliser non sans me questionner.<br /> <br /> <br /> <br /> Et il est vrai que si on réfléchit au monde d'après peut-être que tout ça devrait être radicalement revu, quand on pense aussi à l'immense dépense énergétique que les clouds et les serveurs bien matériels qui les hébergent occasionnent.
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T
Réflexion de saison.<br /> <br /> Savez-vous (y avez-vous même pensé ?) que les photos stockées dans un "cloud" (sauf peut-être un français, et encore ...) ne sont plus à "vous" ? <br /> <br /> Certes, vous avez un ACCES à ces albums que vous pensez "vôtres". ON vous en concède la consultation mais, sans qu'on vous l'ait dit clairement, en les confiant à Gougueule ou autre Pomme, Fesse-Bouc ou To Eat Her, Huaweï, etc. vous en avez, implicitement abandonné les droits d'auteur et votre droit exclusif à l'image selon nos normes nationales. En quelque sorte, elles ne sont plus votre propriété (intellectuelle).<br /> <br /> Et un jour ou l'autre (déjà, peut-être) ON pourra avoir utilisé vos clichés (plus sûrement les "datas" qu'elles représentent) sans que l'ON vous en demande l'autorisation, et sans même que vous le sachiez.<br /> <br /> Cela a commencé depuis de (trop) nombreuses années. Depuis le temps où ces nuages ont été inventés, soi-disant pour nous faciliter l'existence.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans le monde "d'après" ne sera-t-il pas urgent de mettre un terme à ce scandale de la "dépossession de nous-mêmes" ?
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