Début du déconfinement en Allemagne

par Françoise B.J.

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Ici en Allemagne c’est le début du déconfinement ou plutôt l’assouplissement des mesures des restrictions. Mais en raison du fédéralisme en Allemagne, on peut constater des variantes selon les Länder et les villes.

Cela a énervé Angela Merkel qui a inventé un nom pour décrire les discussions autour de ce thème : Öffnungsdiskussionsorgien (orgies de discussions sur les réouvertures). Mot typiquement allemand qui peut faire gagner au scrabble, a ironisé la presse ! On entend également l’expression Flickenteppich qu’on peut traduire par Patchwork.

En Rhénanie du Nord-Wesphalie (où j’habite), les principales mesures sont l’ouverture des magasins de moins de 800 m² mais aussi de magasins plus grands de bricolage, de jardinage, de vélos et même de meubles et de voitures !

Les écoles vont rouvrir progressivement, en commençant dès jeudi par les classes où il y a un examen, en particulier le bac. C’est un vrai casse-tête. Cela demande une préparation très compliquée, avec de petits groupes d’élèves dans des salles aménagées, utilisation fréquente de désinfectants, nettoyages réguliers des locaux… Notre fils ainé Thomas, qui est enseignant, nous a dit (au téléphone) que tout cela était encore très flou… Lycéens et parents sont réticents…

À partir de lundi prochain, le port du masque sera obligatoire si on ne peut pas respecter la distance de deux mètres avec les autres, en particulier dans les transports publics. Dans d’autres Länder, dans certaines villes, il est déjà obligatoire dans la rue. Mais comme il faut réserver les masques professionnels aux soignants et au personnel en contact avec le public, on suggère aux gens de fabriquer des masques.

Moi je ne sais pas coudre mais j’en ai repéré plusieurs, faits maison, dans la vitrine d’une petite boutique de tissus, tout près de la boucherie où, Viktor et moi, nous sommes allés hier. Avant d’acheter notre viande, nous avons dû faire la queue dehors puisque seulement deux personnes sont admises dans le magasin. Là un homme d’une quarantaine d’années nous a regardés attentivement et nous a demandé si nous étions les parents de son camarade de classe Frédéric… C’est alors que j’ai reconnu Thomas T. qui était à l’école primaire avec Frédéric ! Attendre devant les commerces nous permet de faire des rencontres sympathiques…

Après nous avons donc choisi et acheté deux masques !

Masquée devant le lac au fond de mon jardin

Le port du masque ne doit pas empêcher les gestes barrière et surtout la distance de deux mètres avec les autres. Les politiques et les médecins ne cessent de le répéter…

C’est de plus en plus dur. Lors de mes dernières promenades j’ai constaté un certain relâchement, moins de distance, petits groupes… À la télé j’ai vu des images des rues piétonnières qui revivent mais cela ne facilite pas la distanciation.

Lundi soir j’ai regardé un talk-show à la télé allemande (Hart aber Fair), le spécialiste SPD de la santé (Karl Lauterbach) a prévenu que l’on ne pourrait pas retrouver une vie normale avant 2021, qu’il faudra vivre avec le virus pendant au moins un an. C’est aussi ce qu’a dit Angela Merkel avant-hier : Wir sind noch lange nicht über den Berg (traduction mot à mot : nous sommes loin d’avoir franchi la montagne)…

A la fin de l’émission, pour détendre l’atmosphère, le présentateur a demandé aux invités ce qu’ils porteraient comme masques pour Carnaval ! Les réponses ont été qu’il n’y aurait pas de carnaval, ce qui n’a pas vraiment détendu l’atmosphère !

Ce matin j’apprends l’annulation de la fête de la bière de Munich (en septembre). 

Et le soleil, imperturbable, brille depuis un mois…