Une poésie renfermée
par Didon Ecrit
Des masques de « gaze désinfectée » protègent des yeux crevés
Des médecins en blouses accourent pour sauver des patients esseulés ;
Isolés depuis des semaines et délaissés par des familles effarées
Dans leur triste solitude, entre la vie et la mort, ils invoquent un Dieu absent
Souhaitant revenir en arrière, rappelant un visage tendrement aimé, les douleurs du présent
Se chargent de les traquer. Essoufflés, ils se projettent dans le futur et pressent la marche
d’un temps désormais suspendu.
Ils ne sont plus que des images qui défilent sur les écrans des télés
Des yeux inquiets les regardent avec humanité, et pour une fois avec humilité
S’imaginant être à leur place, dans ces endroits sordides qui hantent leurs rêves moroses
et empoisonnent leurs vies édulcorées.
Edward Hopper, Morning Sun, DR
De nouveaux mots gagnent nos esprits : désinfecter, gel hydroalcoolique, quarantaine, ravitaillement, confinement, mesures prophylactiques, arme biologique,…
Et le champ lexical ne cesse de s’étendre pour prendre des tournures macabres,
rarement garnies d’un espoir illusoire.
Confinés et désœuvrés, les habitants de la planète Terre s’affolent pour le moindre mal de tête qui vient les surprendre dans leur sommeil et refoulent leurs toussotements de peur de confronter le Mal.
Les sentiments ont du mal à trouver leur propre expression dans un monde rangé par une épidémie de Peur.
Les distances que nous gardons avec les êtres chers, l’isolement volontaire et la solitude ne nous aident guère
à dominer nos peurs et nos appréhensions.
Seule l’espérance des retrouvailles, la chaleur des embrassades et l’ardeur des accolades amicales
nous fait tressaillir les yeux de bonheur.
« Pour l’enseignement de l’Homme », cette épidémie poussa à Réfléchir.
Résigné, rempli d’amour pour son frère, l’homme de demain ne pensera qu’à vivre pleinement ses amitiés interrompues et ses amours intemporels.
La chaleur de vos baisers effacera vos froides séparations et vos absences glaciales.