Structurer le temps

Une amie me faisait remarquer dans un mail ce paradoxe étrange : une bonne partie de nos activités habituelles sont supprimées et pourtant nous ne voyons pas le temps passer, nous avons du mal à faire ce que nous voulions faire…

Je ressens aussi un peu cela.

J’incrimine pour beaucoup la dispersion à laquelle on se laisse si facilement aller, en général, et plus particulièrement dans la situation actuelle et ce d’autant plus qu’on ne se met pas de cadres temporels.

Tiens un mail qui arrive, vite, vite, allons voir, toutes affaires cessantes. Et là ce nouveau message WhatsApp. Et puis cette amie qui me met un lien recommandant tel contenu passionnant. Ou encore cette petite vidéo marrante à voir absolument…

Et encore je ne pratique ni Facebook, ni Twitter !

Donc j’essaie de me discipliner et de structurer le temps. J’essaie…

D’abord éliminer tout l’excès d’information. On y a un peu cédé les premiers jours mais on s’est calmés depuis. Le journal de France-Inter le matin, le Monde que je ramasse à ma porte et que je lis tranquillement après le déjeuner affalé sur le divan du séjour ou si le temps le permet au soleil dans le jardin. Et c’est tout. Pas de télé. Pas de zapping info sur internet. Enfin presque tout : j’ai du mal à ne pas aller faire quand même au coucher un petit tour côté info.

Le matin je suis en général plutôt connecté. Multiples mails auxquels répondre et tâches diverses concernant la vie de l’association. Un peu de zapping sur des sites amis. Lectures des nouveautés sur Vivre confinés. Eventuellement écriture de ma propre page pour le blog comme je suis en train de le faire en ce moment. Travaux que j’entrecoupe éventuellement par un dégourdissement en allant faire des courses alimentaires.

L’après-midi au contraire j’essaie de rester déconnecté. Je m’interdis de céder aux sollicitations d’internet. C’est plus le temps de la lecture des livres papier (ah le plaisir de ne pas être devant l’écran). En ce moment ce sont divers bouquins d’Edgar Morin pour la préparation d’un article dans la prochaine Faute à Rousseau. De l’écriture encore mais plus laborieuse : un article c’est plus dur qu’un billet de blog. Puis, pour délasser l’esprit, je vais jardiner un moment. Puis encore, il y a la promenade journalière autorisée. Malgré le jardin, elle est précieuse, c’est autre chose de sortir de ses murs, de profiter de la marche à grandes enjambées, du paysage des rues, aussi banal soit-il, et des personnes croisées de loin et qu’on salue d’un petit signe. Au retour on essaie, au moins un jour sur deux, de faire une pratique de yoga d’une demi-heure, pilotée par ma femme dont, par force, je suis désormais le seul élève. Et puis il y a les précieux téléphonages.

Après le dîner un peu de télévision, l’autre jour le documentaire Seyrig/Roussoupolos, recommandé par Madeleine et qui est en effet très chouette. Hier le portrait de Margaret Atwood, assez tonique aussi. Des visionnages de séries aussi : on s’était fait offrir le coffret 10 % qu’on n’avait jamais eu le temps de regarder, là on y va à petites doses, pas plus de deux épisodes par soirée. Je suis un peu réservé : il y a des moments drôles, quelques belles prestations d’acteurs mais enfin les personnages sont outrés et les scénarios un peu tirés par les cheveux. Mais bon, ça aère !

Un petit coup de zapping quand même avant de se coucher, un tour sur les boîtes mails, un regard sur les sites du Monde et de Médiapart, en essayant de ne pas m’attarder.

Et voilà… Journée close ! Déjà !

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Bernard M, jeudi 26 mars, 11 heures