Juste avant de débloguer
par Annie R.
On sent bien que ça s’effiloche… Moins de contributions à lire sur l’apablog. Les temps changent, on déconfine, vous reprenez des activités normales, ou presque.
Avant le 1er juin, que me reste-t-il à dire de ce quotidien tourneboulé ? Étrangement, j’ai l’impression que l’été nous envahit. J’imagine les effets de la chaleur dans les villes surpeuplées. Ici j’ai le grand privilège d’aller vers les plages – déjà investies, mais pas encore surpeuplées. Quand les vacanciers de juillet, privés de destinations exotiques se seront rués sur la Bretagne, moi, j’aurai retrouvé ma résidence languedocienne.
Ces jours-ci, pour les balades au bord de l’océan, il a fallu choisir les heures plus tranquilles, la trop grande proximité est à craindre sur les passages resserrés – où personne ne va masqué, quand même, on est là pour respirer ! La lumière du soir est comme toujours un enchantement, sur les rochers, face à l’île de Groix ou vers le large.
Samedi dernier, en fin de matinée, c’était marée basse, fort coefficient. Toujours étonnant de parcourir les étendues dévoilées de la rade, les rochers émergés, les bancs de sable … la déambulation et le temps s’étirent devant nous.
Nous marchons vers le grand port de plaisance de Kernével. Avant d’y arriver depuis la grève on passe sur un chemin de lattes de bois, piétonnier. Des vélos nous dépassent, nous leur faisons remarquer qu’ils doivent mettre « pieds à terre » - pieds au pluriel, donc les deux pieds, c’est écrit sur une pancarte, de chaque côté du passage. Ils n’en ont rien à faire. Nous avons l’habitude, mais nous continuons quand même à revendiquer le droit des piétons à circuler en toute tranquillité sur les seuls espaces qui leur sont réservés. Arrivent, sur leurs vélos, une femme et sa fille. Mêmes remarques et rappel au règlement de notre part. Alors qu’elle vient de nous dépasser, furieuse, la femme se retourne en nous faisant un doigt d’honneur, on entend sa gamine qui rigole, et elle rajoute : « les gens comme vous, on en a ras-le-bol », avant de s’effacer vers un horizon furibard. Plus tard, au retour, nous croiserons successivement deux cyclistes sur le passage, vélo à la main, nous les féliciterons, ils s’étonneront en disant « c’est normal », nous leur répondrons « eh bien, pas pour tout le monde ! » et nous leur raconterons…
Sur la photo, on voit ce chemin de lattes de bois, sur la droite. Au premier plan, le Zébulon, bateau qu’on pourrait dire « de collection », arrêté à ce même endroit depuis très longtemps, son allure de voyageur légendaire fait partie du paysage. Depuis les pontons du port, la vue est belle, entre gréements au vent et villas anciennes, celle de l’Amirauté et la « villa Margaret ».
Nous retournons vers Larmor, belle plage à marée basse, du monde dans l’eau, les longe-côtes sont de retour.
Cet après-midi j’apprends la fin de l’assignation à résidence. Ensuite nous prenons notre premier bain de mer sur la plage de Fort bloqué.
Tous mes vœux aux apabloguistes pour les temps à venir.
(28 mai 2020)