Mascarade
par Anne Poiré
Les réseaux sociaux s’enflamment sur la question des masques : tromperie, mensonge, revirements. En porter ou pas. Chirurgicaux ou bricolés ? En acheter. Combien ? à quel prix ? Dans une commune voisine, une entreprise textile s’est totalement reconvertie, depuis le début de la crise, dans la fabrication, en urgence, de ces supposés protecteurs. Ils ont même obtenu un label, forme de reconnaissance, du ministère de l’armée ! (J’ignore ce qu’en pense celui de la santé.)
Je viens de découvrir le message suivant sur la page Facebook de notre commune : À partager – La municipalité organise une distribution de masques gratuits aux personnes résidant à B. samedi 9 mai de 9 heures à 13 heures. Salle municipale en respectant les gestes barrières.
Sympathique initiative. La commune en fournit deux, la région un. Six masques possibles pour nous. Sauf que.... à raison de quatre heures pour distribuer leurs masques aux 1 500 habitants, nous faire déplacer, dans une salle, au centre du village, en période de confinement sanitaire, me déconcerte. Si tout le monde cédait aux sirènes de ce rendez-vous, quel danger... C’est un peu comme le fameux premier tour des élections. Sauf que pour cette sortie du mois de mars, les rencontres étaient limitées aux électeurs, votants, et on pouvait se déplacer durant une journée entière, ce qui échelonnait encore davantage la prise de risque.
Nous ne sommes pas allés voter, d’ailleurs, pour la première fois de notre vie, afin d’éviter l’éventuelle propagation du virus, et le maire nous en a remerciés, comprenant notre acte citoyen. Je n’irai pas davantage chercher ces masques. J’ignore quelle en est la qualité – papier, tissu, réutilisables ou non – mais je ne compte pas m’aventurer à croiser du monde.
C. a exploré ce dimanche 3 mai le petit marché qui se tient sur la place de l’église et s’est étonnée. Certes, le port n’en est pas encore obligatoire. Mais tout de même ! Sur six personnes présentes, elle était la seule à couvrir son nez et sa bouche d’un masque. Il est vrai qu’ils n’étaient pas encore distribués gratuitement par la municipalité...
(mardi 5 mai 2020)