Le ciel s'en fout
par Lison
1er mai 2020
La terre criait « famine ». Le ciel fait grise mine et lui accorde son dû. Et les arbres, les feuilles et les fleurs s’abreuvent aux larmes du ciel. Et la terre qui a grand soif attend que ces larmes parviennent jusqu’à elle.
Mais si la terre manque d’eau, les poumons des mères crient le manque d’oxygène.
Je me suis levée en regardant là-haut comme si une bonne nouvelle pouvait dégringoler, mais en ce 46ème jour de confinement, le ciel s’en fout du Covid 19.
Grande journée. Découvrir le Rien à faire puisque c’est la Fête du travail. Pas la peine de s’exciter, on nous le dit, on nous l’écrit, on nous le répète. Restez chez vous. Créez, rêver, dormez, mangez des gâteaux.
Le bouquet de muguet à cueillir dans la forêt la plus proche est encore trop loin (la forêt). Un peu de douceur ne ferait pas de mal pourtant, revoir ses enfants et petits-enfants, sa Maman, un ami, une voisine, tous si bien confinés depuis sept semaines.
En cette septième semaine, le besoin de retrouver une vie normale se fait sentir. Mais désormais qu’est-ce qu’une vie normale si l’on a bien retenu les leçons de ce Coronavirus ?
Allons, nous sommes devenus moins exigeants, une vie normale serait un quotidien plus familial donc moins monacal, une vie plus sociale, plus conviviale. Ce serait renouer avec les gestes les plus simples sans prendre de précautions, avoir la tête et le cœur plus légers.
Mais une vie normale le 11 mai ne nous le promet même pas, surtout si nous nous sentons comme des chiens devenus fous et trop longtemps tenus en laisse.
Le Covid 19 nous maintient dans le présent, dans la lenteur, dans la distance et la patience, dans la réflexion, comme s’il avait bien entendu… que nous n’avons pas encore tout compris.
Le 11 mai, nous retrouverons la petite forêt, le petit lac ou la petite montagne qui auront si bien respiré sans nous et nous les respecterons et nous savourerons ce petit bonheur comme nous ne l’avons jamais fait.
En attendant, nous sommes le 1er mai et il pleut.
Avec mes cheveux de grand-mère en Ehpad que je ne supporte plus (les cheveux), je décide de me faire toute belle. Comme chaque jour. Pour moi toute seule. Je me trouve bien égoïste à la longue.