Photo de famille
par Marcelle
Enfermée dans ce monde de silence depuis le début du confinement, je passe mes journées à lire la presse surtout sur le net, qui est devenu mon interlocuteur privilégié. Seules quelques notes de guitare viennent égayer cette monotonie quand mon fils étudiant reclus dans sa chambre reprend des chansons de Johnny ou plus récemment les tubes de Christophe. Ma fille, quant à elle, continue à travailler ses cours comme si elle allait passer son bac dans des conditions ordinaires. Mon conjoint, télé-travail oblige, est vissé sur sa chaise toute la sainte journée et enchaîne les conf-calls et les travaux informatiques cloîtré dans le bureau.
Bref, chacun veut croire que rien n’a changé et que le 11 mai tout va reprendre comme avant, les masques en plus. Personne de notre entourage n’est touché par le COVID d’où la difficulté de s’ancrer dans l’actualité tragique des personnes malades ou qui perdent un proche. Seuls les médias et les déclarations de Jérôme Salomon de 19 heures nous rappellent la dure réalité de la pandémie.
Un monde arrêté, entre parenthèses, rythmé par les repas pris en commun et les rares sorties pour faire les courses ou se dégourdir les jambes dans notre quartier aux rues désertées : telle est notre version de cet isolement imposé.