Nos balades
par Bernard M.
Depuis hier, le très beau temps est revenu. Nous avons repris nos balades de l’après-midi. Mais non sans une certaine lassitude à repasser toujours dans les mêmes lieux. Ce n’est plus « tentative d’épuisement d’un lieu ». C’est plutôt lieu désormais quasi épuisé par nos récurrentes allées et venues !
En sortant de la maison, il y a huit directions possibles. De chaque angle de la place centrale carrée partent en effet deux rues à angle droit. Combien de fois les avons-nous empruntées chacune ? En général on part le nez au vent dans l’une des directions, sur l’impulsion de l’instant. Et puis en avançant on se dit : partant par celle-ci, où pouvons-nous aller ? Avec la volonté « d’épuiser » justement les rues de notre petite ville, c’est-à-dire de finir par les avoir toutes empruntées au moins une fois. On a un plan de ville, on repère des endroits où l’on pense ne jamais être passé et ça devient alors le but de la balade. On s’amuse comme on peut !
Mais au final, l’un dans l’autre, on a découvert avec un certain plaisir pas mal de lieux qui nous étaient inconnus, même s’ils ne présentent pas des intérêts majeurs. Mais les façades des villas, les arbres de jardins, les massifs fleuris qui sont nombreux à cette saison offrent des spectacles plaisants au regard. Au sortir de la ville d’anciennes fermes ou de jolies maisons de maître se mêlent aux constructions récentes et aux lotissements. Nous avons aussi emprunté pour la première fois l’ancienne voie ferrée dont on pourrait imaginer qu’elle devienne une voie verte. Mais elle y perdrait sûrement une part de son charme de no man’s land.
On a aussi exploré des lieux moins riants. A l’ouest de la ville, du côté dit de la plaine, avant que ne s’amorcent les premières ondulations des collines lauragaises, les prairies et terres agricoles se transforment peu à peu en lotissements de maisons très modestes et sans charme, le plus souvent des cubes en rez-de-chaussée avec un tout petit bout de terrain, encadré de murets en parpaing. Il parait que la lutte contre l’artificialisation des sols est engagée. On ne comprend pas bien comment lorsqu’on voit cette extension continue de lotissements plutôt sinistres alors que de nombreuses maisons de centre-ville sont vides.
Et on a même trainé nos pas jusque dans la zone industrielle entre casse à voitures, fournisseur de machines agricoles, entrepôts variés et quelques usines un peu plus modernes et design du secteur agro-alimentaire ou biotechnologique. Mais il y a des champs encore avec des vaches, oui des vaches, et une ferme qui survit. Et on a emprunté une rue neuve et vide, sans aucune construction, qui fait une boucle en plein champ et qui est là j’imagine pour desservir les futures entreprises que la municipalité rêve d’attirer.
Les distances sont vite couvertes. Sur une rue un panneau indique le croisement à 150 m. Diable ce n’est pas bien loin ! Et j’ai réalisé alors que nos pas, notamment lorsque nous cherchions à atteindre la pleine campagne, nous conduisait facilement à une distance à vol d’oiseau de la maison de 1,3 km ou 1,4 km. Heureusement pas de drones encore sur nos têtes pour dénoncer les mauvais citoyens !
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Alors ce soir j’ai eu envie de décliner quelques images de ces promenades au plus près de chez nous, que nous nous n’aurions certainement jamais faites, n’eût été le confinement…
Les rues, tellement tranquilles, tellement vides
Le petit secteur HLM le long de l’avenue
où arrive le Tour de France lorsqu’il s’arrête dans notre ville
La Rigole qui porte les eaux de la Montagne Noire jusqu’au Canal du Midi,
une jolie promenade mais interdite pour moment, comme les jardins publics
et le bord du lac. On se contente de la regarder là où elle coupe la route
Une maison de maître et sa métairie à la sortie de la ville
Un peu plus loin, dans la vraie campagne, avec au fond
la Montagne Noire, inaccessible
Le long de la voie de chemin de fer désaffectée
Promesse de nouveaux départs ? Ou image de notre monde disparu ?
samedi 25 avril, 21 heures