Supermarket

 par Bernard M.

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Saut au supermarché ce matin. Ce n’est que la troisième fois que j’y vais depuis le début du confinement. Je vais y chercher les seules choses que je ne trouve pas ou peu dans les boutiques de la ville, les laitages surtout, les jus de fruits, les conserves et féculents, les produits d’entretien…

Il est en sortie de ville mais ce n’est guère qu’à 500/600m et ça me fait ainsi aussi une petite sortie roborative matinale. C’est calme. Il y a quatre supermarchés pour une petite ville de 10 000 habitants, les horaires d’ouverture n’ont pas été réduits, donc les gens se répartissent et il n’y a pas de queue, du moins dans celui-ci (on m’a dit que c’était un peu plus tendu dans celui qui est à l’autre entrée de la ville et qui passe pour être un peu meilleur marché).

Les allées sont assez spacieuses mais on se croise néanmoins d’assez près. Alors j’ai mis mon masque en tissu. C’est une première, c’est aussi pour tenter de m’y habituer car il est évident que ce sera nécessaire au moment du déconfinement, sinon dans tout l’espace public (m’agacent les positions des maires qui veulent les imposer partout et tout le temps) mais du moins dans les zones denses ou les espaces confinés, comme les transports. Je ne suis pas très à l’aise. Je me sens un peu flottant. Comme si le masque m’enlevait certaines perceptions et sensations contribuant à mon équilibre. Surtout, mes lunettes se couvrent de buée et pendant un court moment j’ai l’impression de ne plus rien voir. Bon, ça se régule peu à peu, c’est une question d’accommodation, un peu comme lorsque on étrenne de nouvelles lunettes.

Il y a un petit rayon librairie. Entre des Musso et des Lévy, je trouve un unique exemplaire du Pays des autres de Slimani. Je l’embarque. Ça fera un petit cadeau en retard pour l’anniversaire de D. Mais ça me fait mal d’acheter ce bouquin ici. C’est un des points que je comprends mal dans les autorisations d’ouverture. Pourquoi les librairies ne peuvent-elles pas fonctionner ? Elles pourraient parfaitement ouvrir avec les nécessaires mesures de distanciation. J’espère que cela va être peu à peu assoupli, avant le 11 mai qui sait. Je viens d’apprendre que la fleuriste avait été autorisée à rouvrir.

Me voici de retour devant mon ordinateur. Lectures d’articles : celui du Monde sur la situation dans les quartiers populaires m’atterre.

Bien sûr on sait plus ou moins tout ça mais sans en réaliser vraiment l’ampleur, vu depuis de nos petites villes où certes il y a des tas de gens modestes au budget serré mais pas cette misère, c’est bien ainsi qu’il faudrait l’appeler en évitant les euphémismes gouvernementaux sur « les mesures pour les gens modestes

Et encore ce n’est qu’un regard sur la France. Je pense avec effroi à ce qui risque de se passer dans les quartiers déshérités des mégalopoles d’Afrique ou d’Inde.

On n’est pas sorti de l’auberge !

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 (dimanche 19 avril, 11 heures)