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Vivre confinés
16 avril 2020

Lâcher prise, profiter de l’instant

par Bernard M.



Il était moins une que ce texte rédigé entre hier et aujourd'hui se soit appelé Lassitude 2, voire Colère. Car ça n’allait pas fort hier matin…

La perspective lointaine du retour à la normale – quel retour à la normale d’ailleurs – me pèse sérieusement. Et je constate qu’il en est de même chez plusieurs des auteurs dans ce blog. Dans notre dernière conversation avec les enfants aussi (ceux de Paris, pas ceux de Berlin où c’est plus cool), j’ai senti que ça n’allait pas trop non plus, la grande fatigue est là, à devoir gérer un télétravail très prenant et les enfants dans le confinement. L’exaspération guette…

Le temps, redevenu agressivement beau, après les pluies de la veille, paradoxalement n’aide pas à me booster, je ressens d’autant plus l’envie de bouger, partir, pas au bout du monde non, mais marcher dans la forêt sur ces crêtes que je vois d’ici ou sur une plage le long de la mer, bouffée soudaine d’envie de Bretagne…

Bêtement j’ai voulu me mettre à des rangements. Dans mes « to do list » de début de confinement, il y avait en bonne place des tris dans ma bibliothèque, des réorganisations et mises à jour dans mes albums photos, des rangements de paperasses. Des trucs qui traînent depuis trop longtemps. Je m’étais dit qu’avec le confinement, c’était comme si c’était fait ! Tu parles ! Déjà plus d’un mois et je n’ai touché à rien. Que fait-on de notre temps, pourquoi passe-t-il vite, ne nous laissant pas le temps d’accomplir ce qu’on comptait faire, alors même que tant d’activités habituelles sont suspendues ?

Mais, quand je m’y suis mis, j’ai pédalé dans la choucroute, passant d’un élément à l’autre, incapable de me concentrer, m’en culpabilisant puis remettant en cause l’intérêt de faire tout ça, me questionnant sur le sens de ces pulsions obsessionnelles, incapable cependant de m’arrêter. Bref la ronde perverse des questionnements existentiels inutiles a vite été là… Tout ça, pour quoi, pour qui, dans un monde qui se casse la gueule, l’heure tourne, et tu es là, à trifouiller dans tes paperasses…

L’après-midi ça a été mieux heureusement. J’ai réussi à laisser tomber. Ce sera pour plus tard. Ou pas… Après le déjeuner pris sur la terrasse, je me suis allongé sur la pelouse, c’est le premier jour où le temps vraiment doux et sans vent le permettait. J’ai bouquiné, un peu. Souvenirs de l’avenir de Siri Hustvedt. Pas mal avec tous ces jeux entre l’autobiographique et le fictionnel, entre le présent et le passé. Une construction un peu trop sophistiquée peut-être. On s’y perd un peu. Mais je ne suis qu’au début. Peut-être que ça se mettra mieux en place en avançant. C’est l’impression que m’avait faite au début la lecture d’Elégie pour un Américain, de la même auteure, un livre qui m’avait aussi un peu désarçonné au début et que j’avais trouvé très bon au final.

Je ne me suis pas vraiment assoupi mais je me suis détaché de ma lecture de longs moments. J’ai écouté les oiseaux, le roucoulement des colombes un peu lointain, des chants variés plus proches mais que je ne sais pas distinguer, les merles sûrement mais d’autres aussi, des mésanges discrètes que j’aperçois parfois, d’autres sans doute… Je regarde les branches qui se balancent doucement au-dessus de moi. Je suis tout près d’un lilas en pleine floraison et par vagues j’en perçois le parfum délicat… Je me sens bien…

Bienvenu lâcher prise !

 

P1010795 (Copier)

Au-dessus de ma tête, juste le ciel bleu,
le mouvement des branches et les nuances de vert…

 

Le soir D. donnait son cours de yoga en ligne sur Zoom. Ça commence à être rodé. La position de l’ordi pour que le cadrage soit bon est au point et les élèves commencent à être à l’aise avec l’outil. N’empêche, chaque fois, il y a quelques problèmes de connexion, tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre, le démarrage est toujours un peu laborieux, après ça va, mais on voit bien que ce n’est pas la panacée. D. avait préparé une pratique plutôt énergisante, centrée sur des salutations au soleil. Ça m’a fait du bien.

Et aujourd’hui globalement ça a été beaucoup mieux. Rien de bien folichon dans les nouvelles pourtant, que ce soit les infos générales ou les nouvelles des proches. En outre le vent d’autan s’est levé à nouveau avec violence, toujours aussi pénible. Pas de balade aujourd'hui ni de séjour au jardin mais je suis mieux entré dans mes activités diverses.

Drôle de signe quand même. Ce matin sur notre WhatsApp familial je vois passer une floppée de « Bon anniversaire D ». J’avais oublié. Purement et totalement oublié ! Je n’ai pas pensé une seule fois à cet anniversaire qui approchait depuis qu’on est entré dans le confinement, signe qu’il nous tourne quand même bien la tête, ce fichu confinement. Bon, on en a ri et je me suis précipité chez le pâtissier à défaut d’avoir un cadeau à offrir. On s’est fait une table modeste mais plaisante au déjeuner et. D. a soufflé sa bougie. Un peu plus tard, au café, le fils a téléphoné. Et D. a soufflé à nouveau la bougie et le petit bonhomme, là-bas, à Paris, soufflait aussi par écran interposé et c’était mignon et joyeux…

 

P1010796 (Copier)

 


(jeudi 15 avril, 18 heures)



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