Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivre confinés
12 avril 2020

Et malgré tout, les bourgeons ont éclos….

 

Muriel M.A.


Jour 27.                 

Pendant que vous, mes grands étudiants, êtes sur l’ordi, je regarde par la fenêtre du salon ces platanes parisiens sur le boulevard. Ils ont pris au fil du temps une douce couleur printanière. Quand je suis arrivée fin février de mon bord de mer marocain pour vous rendre visite, ils n’étaient encore que des squelettes décharnés. Depuis votre départ tous les trois de la maison où vous avez grandi, je reviens régulièrement vous voir pendant vos études post-bac et là comme d’habitude, je devais rentrer retrouver votre père une quinzaine de jours après…

Mais voilà, tout à basculer dans l’inconnu depuis qu’un amas de protéines en forme de couronne a pris résidence sur notre planète. Il a suivi inexorablement son chemin dans sa danse macabre à travers la carte du monde, sans se soucier des drames qu’il engendre, des séparations qu’il provoque et des angoisses qu’il suscite… comme un petit poucet malfaisant semant désolations et peines.

Afin de gérer le quotidien face à cette menace qui se rapprochait, nous avons pris la décision avec votre père que je resterai avec vous dans la capitale et que nous rentrerions ensemble pour les vacances de printemps…

Mais voilà, ce virus couronné a provoqué la rupture des relations aériennes et maritimes entre nos deux pays, en édictant sa loi inéluctable du  « personne ne sort –personne ne rentre »… certains, dans une course folle, ont pu malgré tout s’échapper et retrouver leur foyer in extremis, sauf beaucoup d’autres… comme de noe  cousine         mbreux étudiants, cousin, cousines et nous-mêmes, craignant de ne pouvoir revenir à tant pour les examens.

Ainsi, c’est à la fois, rassurée et comblée d’être avec vous et pas trop loin de papy et mamie mais inquiète de laisser votre père tout seul, que je me remémore son au revoir à l’aéroport « On se revoit après les partiels en juin », m’avait-il dit en rigolant. Surprise de cette boutade, il me rétorquait que toute  propagation d’un virus répond à des critères mathématiques, que cela se traduisait par des courbes exponentielles et que toute cette folle et inquiétante nouveauté risquait malheureusement de durer bien plus longtemps que prévu…

Mais voilà, ce SRAS Cov 2 a donné raison à mon Docteur en Mécanique ! Maintenant nous sommes confinés, lui et nous depuis mars (France 17/Maroc 20, triste résultat de match !). Enfermés chacun de son côté à 2 000 km de distance, communiquant par la voie des airs et en s’envoyant pour casser l’ennui des vidéos humoristiques en guise de bras d’honneur à cette calamité. Ici, nos fenêtres sont ouvertes sur des avenues parisiennes vidées où trop souvent les sirènes des ambulances rivalisent avec le chant des merles retrouvé ; là- bas, même sous les palmiers, papa isolé se débrouille avec le chat et les tortues.

 

arbre saison

 

Chacun s’adapte bon an mal an, le principal souci étant d’éviter d’attraper ce mal invisible. Mes deux plus jeunes, vous ne sortez plus depuis un mois ! Partagés entre cours à domicile, inquiétudes de la validation de l’année et ces  vacances prisonnières, qui somme toute ne vous pèsent pas tant que ça !  Votre grand frère, bien qu’avec sa bien-aimée, commence à trouver le temps long et à tourner en rond. Inquiet en attendant une hypothétique offre d’emploi qui tarde à venir… mais l’économie va mal et devient frileuse à l’embauche ! Quant à mes sorties hebdomadaires pour le ravitaillement, elles sont dignes d’un jeu vidéo post-apocalyptique ! Masquée, gantée, fuyant les contacts rapprochés, suspectant le moindre éternuement ou la moindre toux à proximité. Vos grands-parents en province, coincés dans leur appartement citadin, revivent 75 ans après, des angoisses de confinement et de crainte d’un danger mortel potentiel, sans pouvoir profiter du jardin salvateur,  havre de paix de nos enfances, qui domine la vallée de la Loire.

Et voilà, ce sournois et vil Covid 19 a gagné pour l’instant en nous obligeant non seulement à modifier notre présent mais aussi en ruinant toutes nos espérances futures de retour à la maison et de retrouvailles familiales, ici et ailleurs, avant une longue, voire très longue période… car on parle maintenant de laisser fermé l’espace Schengen jusqu’en septembre.

Allons-nous voir alors, par cette même fenêtre,  ces feuillages prendre une teinte automnale ?

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Vivre confinés
  • Blog à vocation temporaire créé par l'Association pour l'autobiographie (APA) pour accueillir vos témoignages au jour le jour en ce temps du "vivre confinés". http://autobiographie.sitapa.org
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Comment contribuer à ce blog

Adresser votre texte (saisi en word, sans mise en page, en PJ à votre mail) à l'adresse :

apablog@yahoo.com

- Envoyez si possible une image (séparément du texte)

- Précisez sous quel nom d'auteur il doit être publié

- Il est préférable que le texte ne soit pas trop long... pour en rendre la lecture plus aisée

L'activité de ce blog a pris fin le 1er juin 2020. Il reste néanmoins disponible à la consultation.

Newsletter
Archives
Vivre confinés
Publicité