Horribilis !

 par Bernard M.

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Autre ambiance aujourd’hui. Le matin temps encore printanier mais ça change l’après-midi, ça devient gris, plus froid…

Et mon ambiance intérieure est à l’avenant !

Nous sortons vers 16h30. Le dimanche après-midi c’est calme en général, mais là ! Il n’y a strictement aucun commerce ouvert. Comme en plus le temps est moins plaisant que la veille, il n’y a personne pour choisir ce moment pour le dégourdissement quotidien. C’est impressionnant. Là il n’y a personne. Personne !

La place, dimanche 16h30, vide, complètement vide !

Nous allons sur le boulevard, en faisons le tour, passons là où débouche la route de Castres puis plus loin, celle de Toulouse et de Castelnaudary, des axes très fréquentés. Depuis le confinement bien sûr il y a beaucoup, beaucoup, moins de véhicules mais là, dimanche après-midi, rien, rien. Dans l’axe de la route de Castres, où la vue pourtant porte loin, je n’aperçois pas le moindre véhicule. Je me mets à compter les voitures croisées tout le temps de la demi-heure où nous marchons : sept en tout et pour tout. Et pas plus de piétons : en tout, nous croisons de loin deux dames avec leurs chiens ! C’est vraiment pesant. On se croirait dans un film de science-fiction, ceux dans lesquels, un beau matin, un humain solitaire se retrouve sur une terre vidée de tous ses autres habitants par quelque catastrophe (en fait je pense plus précisément à une BD, La Survivante de Paul Gillon).

Pas bien envie du coup de prolonger la balade. En revenant on entend au loin des bruits de sirènes de pompier. Et soudain, en s’engageant dans l’une des rues qui ramène à la place centrale, une âcre odeur de fumée puis la vision de volutes de fumée... Quelle angoisse ! Il y a eu ici en décembre un très gros incendie qui a impacté six maisons sur la place et dans une rue adjacente (sans parler du souvenir de l’incendie de notre propre maison en 2008). S’il doit y avoir un incendie en plus ! On ne s’approche pas naturellement, les pompiers n’ont pas besoin d’avoir en outre des piétons à sécuriser, donc on revient chez nous par une autre rue… On regarde un peu de notre fenêtre, on ne voit rien, c’est au-delà du coin de la place, il y juste l’odeur, plus de fumée, on aperçoit quelques pompiers, quelques gendarmes, ça ne semble pas être le branle-bas de combat, on se rassure peu à peu et d’ailleurs les véhicules s’en vont. Ouf mais ça nous a fait battre le cœur.

Après cela j’ai voulu téléphoner à Papa. En général il me faut deux séries de sonneries pour qu’il décroche, le temps qu’il entende, qu’il se lève de devant sa télévision et qu’il arrive jusqu’au téléphone. Mais là rien à faire malgré trois essais successifs. Il se peut qu’il dorme. Dimanche, c’est le jour où il est seul toute la journée, tout aura été préparé d’avance par la personne qui l’assiste tous les autres jours et une voisine passe vérifier que tout va bien vers l’heure du dîner mais ça angoisse quand même. Et que ça doit être long pour lui ces dimanches, maintenant qu’il ne parvient plus vraiment à lire, ni même d’ailleurs à suivre vraiment ce qu’il voit à la télévision…

À l’heure où j’écris, le soleil couchant irise le haut des nuage mis ça ne suffit pas à remettre du baume au cœur. Voilà, il y a des jours plus faciles et d’autres plus difficiles. Faut faire avec. Après dîner on va tâcher de se trouver un truc chouette à la télé en direct ou en replay.

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(dimanche 29, 19 heures)