Réflexions confinées

par Madeleine

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Un train TGV va de Strasbourg à Nantes, en passant par Angers,  pour emmener des malades du grand Est se faire soigner à Nantes ! A Angers, il y a la superbe Apocalypse qui nous émerveilla, Claudine et moi, en octobre dernier, avant les grèves, je crois ! Cela devient d’actualité, comme ce documentaire  sur Pompéi  à la télé. La vie est fragile, il faut la soigner et pas la maltraiter, cultiver son jardin… admirer la végétation… les étoiles et la voûte céleste.

Tenture de l'Apocalypse, Château d'Angers, 3^e sceau : Le cheval noir et la famine
(image PMR Maeyaert, Wikipedia)

Pascal Picq, invité au 28 minutes d’Arte, dénonçait la faute d’Homo sapiens, son inconscience, sa brutalité, ses excès, les systèmes de santé en déshérence…  on a encore de la chance que ce virus ne soit pas Ebola.

La nuit, sur France Culture ou France Inter, rediffusion d’une rencontre avec Claudie Hunzinger qui vit dans les hautes Vosges, depuis de nombreuses années, et qui vient d’écrire Les grands cerfs, les cerfs qui la rendent plus humaine et lui apprennent beaucoup, mais qui sont menacés parce qu’ils empêchent l’exploitation rationnelle du bois. La biodiversité qui disparaît et la vie sauvage sont indispensables à l’humanité, c’est ce qu’elle veut dire dans son livre sur les grands cerfs.

Le mail reçu d’un ami : « Je voudrais vivre quelque temps après l'épuisement de la pandémie pour contribuer à donner du balai à cet archi-vieux nouveau-monde ; la tête bouillonne, mais l'ambiance n'est pas à l'écriture ». C’est un ami nonagénaire comme Edgar Morin dont je lis l’interview dans Libé : « Avec la mondialisation des échanges, la planète Terre devient un vaisseau qui est poussé par le triplet science, technologie et économie, mais sans qu’il y ait de pilote, sans direction, ce qui peut aboutir à s’écraser contre un mur (pollution globale et changement climatique, financiarisation à outrance, etc.) »  Il nous faut penser la complexité.  « La mondialisation est une interdépendance sans solidarité. La compréhension entre les peuples n’a pas progressé. »

D’autres comme Bernard Kaloara parlent de renverser l’échelle des valeurs : après le dogme de l’exceptionnalité humaine qui érige l’économie mondialisée en première préoccupation, aux dépens de la Terre et  de ses habitants, il va nous falloir ralentir et retourner à un principe de vie qui unit humains et non-humains.

 Aurélien Barrau, l’astrophysicien écolo parle d’imaginer le monde d’après, de faire vaciller l’hégémonie culturelle du néolibéralisme, de contribuer à son affaissement, et d’élaborer des programmes de résilience à partir des communs, de la souveraineté alimentaire, de la solidarité et de la réduction des inégalités.

 Il y a de quoi réfléchir sur notre rapport au vivant et au sauvage, l’organisation de nos sociétés, en particulier des zones de résilience, des systèmes de soin, de la prise en compte des plus fragiles, des relations entre les générations et de l’imprévisible de nos vies…

J’avais noté, comme Emmanuelle R. le poème de Guillevic donné sur une newsletter récente de France Culture :

Si, je n'écris pas ce matin,
Je n'en saurai pas davantage,
Je ne saurai rien
De ce que je peux être.

Si j'écris, c'est disons pour ouvrir une porte.
Le plus curieux
J'ignore à quel moment se fait cette ouverture
D'ailleurs ce qui se lève c'est peut-être un rideau.

(Guillevic, extrait de Art Poétique, suite scandée)

Et je vais faire ma photo quotidienne du prunus que j’ai adopté.

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(fin mars 2020)

Comments

[Bernard M]

Je suis à fond à l'heure qu'il est dans ce cher vieux Morin. Tu en auras un billet demain ou après-demain.

Porte toi bien chère Madeleine.