Filer doux
par Renée A.
Phil est d’où ? Un voyage à Ouessant, c’est extraordinaire, je me souviens d’une promenade à travers l’île, de l’écomusée avec les rideaux au crochet, les boules décoratives de Noël encore présentes en été, du ressac de la mer sur les rochers, et du proverbe : « Qui voit Ouessant, voit son sang », témoignage du danger d’emprunter le rail d’Ouessant lors des tempêtes. Je me souviens aussi des touffes de laine des célèbres moutons, accrochées aux barrières.
Être une fileuse ouessantine n’est pas rien. Les fuseaux diffèrent des fuseaux suspendus. Je crois qu’ils sont appuyés (supported spindles), posés sur une petite coupelle en porcelaine, comme les fuseaux russes, les fuseaux indiens. Des recherches sur internet, sur Pinterest, m’apportent des pistes, des bouts de rêves. Il y a quelques années, j’ai suivi un cours de filage, deux heures particulières, dans ma ville de Lyon. Avec un fuseau suspendu, muni d’une fusaïole (le disque), j’ai cru y arriver seule ensuite. C’est la panique quand le fil de laine casse, et c’est fréquent, du moins au début. Comme si le fil de la vie cassait. Je voudrais essayer le filage appuyé. On dit que c’est plus difficile à apprendre.
Reste le filage sur la cuisse, comme les cigares de Cuba.
Il existe encore le filage avec un crayon. Incredible, yes. J’ai trouvé et enregistré des tutos, hélas ils sont en anglais, ou en américain plutôt. En France, on garde ses secrets de fabrication, on est moins « partageux », dommage.
Mes fuseaux anciens proviennent de Conques. Je ne connais encore ni leur usage, ni leur identité propre (objets inanimés…) Celui de droite est un fuseau, l’autre aussi, probablement.
Puissent-ils resservir un jour, pour filer, doux.
(5 mai 2020)