Comprendre ?

par Madeleine R.

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Parviendrai-je à explorer toutes les connaissances nécessaires pour tenter de comprendre ce qui nous arrive ? Le journal le 1 passe de « Comment piéger le virus ? » à « Inégalités, l’autre crise », entre le 8 et le 15 avril.  « Le point sur l’épidémie », et tous les articles scientifiques passionnants que j’ai commencé à lire, le lien avec l’écologie et la nécessité d’interrompre la destruction des écosystèmes et de respecter la biodiversité, la redécouverte de notre fragilité face à ce virus, qualifié de « diabolique » par un médecin. La remise en question du système économique ultra-libéral dans lequel nous vivons pour un modèle beaucoup plus solidaire avec des services de santé bien plus adaptés et développés.

Je me suis tournée vers les philosophes et j’ai trouvé sur Internet un article récent de Jean-Luc Nancy qui souligne combien la pandémie reproduit les écarts et les clivages de notre société. Selon lui, nous allons vers un bouleversement de la civilisation, nous commençons une période dont moins que jamais nous ne pouvons prévoir ce qu’elle apportera. Pour lui, c’est là sans doute ce qui est le plus impressionnant pour des populations habituées à une relative continuité plus ou moins programmée. Désormais l’avenir devient clairement incertain et obscur, ce qui est son essence. La présence de la mort, la nôtre, est également très présente.

L’art de la fragilité, en faire une force (souligné par un autre philosophe entendu à la radio) me renvoie à ma lecture du soir : 621 pages, L’art de la joie de Goliarda Sapienza, traduit de l’italien par Nathalie Castagné, chez Viviane Hamy, un livre où la vie est une métamorphose de chaque instant. Son héroïne sort d’une série de situations d’enfermements, dont la prison même pour l’auteure. De ce séjour en prison, elle tirera son premier et rare succès littéraire de son vivant : L’université de Rebbibia (Le Tripode). Son « art de la joie », c’est le désir éperdu du monde, et la prison c’est « la fièvre qui révèle la maladie du corps social ».

L’épreuve commune met en lumière les inégalités et leurs conséquences concrètes pour Louis Maurin dans le 1 du 15 avril. Repenser les solidarités, c’est paraît-il ce qui se produit lors de grandes crises : « après chaque crise économique, on constate une renaissance de la mutualisation. Mais la poussée actuelle est plus forte que d’habitude… le système marchand tel qu’il existe aujourd’hui ne reconnaît pas les dommages qu’il génère dans le monde… a contrario, la mutualisation offre un modèle d’avenir en permettant aux sociétés de garder une offre de services tout en dépensant beaucoup moins de ressources » (Michel Bauwens, philosophe, créateur de la Fondation pour les alternatives Peer-to-Peer, interviewé dans Valeurs mutualistes, n°319).

Découvrir dans une toute petite rue du 14^e une collecte organisée par des jeunes des « Brigades de solidarité populaire » m’a fait chaud au cœur hier, lors d’une petite sortie. Explication trouvée sur Internet : C’est en se tournant vers l’Italie qu’on a vu éclore les premières « brigades » de solidarité populaire, d’abord à Milan, puis dans d’autres villes italiennes, et enfin dans d’autres pays comme l’Espagne, les Etats-Unis, l’Allemagne, etc… Ce projet nous a tout de suite paru cohérent, tant dans sa forme antagonique que dans sa capacité à produire une auto-organisation et des réseaux de solidarité. Il nous a semblé être le meilleur outil pour construire un mouvement à la fois défensif et offensif, irrécupérable et agissant, pour une « auto-défense sanitaire ».  

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c’est toujours comme cela que ça s’est passé. » (Margaret Mead, anthropologue, 1901-1978)

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(le 18 avril 2020)