Epilogue (provisoire ?)
par Catherine Bierling
De nouveau au bord du lac
Trois mois étranges ont passé
Qu’il y a-t-il de changé ?
Ce matin, goût sur la langue
De la première framboise
Libérant ses arômes.
Le soleil est plus fort
L’eau invite à la baignade
Les canetons ont grandi
Les gens sont dénudés
***
Les prairies sont rasées de près
Il n’y aura ni foin ni faneurs
Mais des silos aux mauvaises odeurs
Les bouchons ont repris sur les routes
Les files distanciées s’allongent
Devant le marchand de glaces
Et des masques épars
Jonchent les trottoirs
***
Mais aussi
La peur de l’Autre
Évitement des foules
L’angoisse du cinéma
De la salle de spectacle
Du marché convivial
Du petit restau sympa
De la fête votive
Ou de la fête du vin
De l’expo nouvelle
De la conférence inédite…
Peur d’approcher trop nos semblables
Devenus ennemis potentiels.
Blessure, déchirure
Dans le tissu social
Seront longues à cicatriser
***
Au lac des gravières
Le vent agite toujours les roseaux
Le ciel est à nouveau clair
On entend le cri des poules d’eau
Les grèbes plongent profond
Et ramènent de petits poissons.
(26 mai 2020)