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Vivre confinés
23 mai 2020

Connaissez-vous le lit-cercueil ?


par Anne Poiré



Les conversations avec les copines sont assez drôles, certains soirs, comme en ce vendredi 22 mai. C. a pourtant enterré, bien avant le Covid, sa maman, cet hiver, et a commencé par me raconter un nombre effroyable d’anecdotes concernant des proches opérés de cancers, durant ce confinement, son papa qui va subir très bientôt une opération importante, et même une belle-sœur pour laquelle la médecine a avoué ne pas avoir de traitement, sans compter sa fille, qui vient de subir un prélèvement – cellules pré-cancéreuses, dont il faut explorer le détail -et pour lequel elle attend impatiemment les résultats...

De fil en aiguille, nous sommes allées vers plus de légèreté, nécessaire, sans doute. Comme dit Figaro, « je m’empresse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ». Si Beaumarchais savait combien de fois déjà sa citation m’a été plus que nécessaire, utile ! Et donc, au moment de terminer notre conversation, elle s’est mise à me parler de ces « lits-coffres », « mais si, cherche, sur Internet, tu verras, les filles m’en ont parlé, au boulot : ce sont des lits-cabanes, non, des... Regarde, ils ont inventé ça, dans un autre pays... Des matelas, un peu particuliers. C’est pratique, quand tu meurs à l’hôpital, ils referment le couvercle, directement, hop, et ça devient un cercueil. »

Pas possible !

Je suis allée voir sur les ondes. Et j’ai trouvé, à la rubrique : « Insolite ».

Il s’agit effectivement d’un lit d’hôpital, convertible. Une entreprise colombienne située à Bogota, s’est lancée dans la fabrication de cette pièce irremplaçable de mobilier, un prodigieux nouveau gadget, qui part d’une bonne intention, d’ailleurs. Il y avait une double lacune à combler ; d’une pierre deux coups, tout est réglé. Il se trouve que les hôpitaux équatoriaux souffrent visiblement d’une véritable pénurie de lits, et les pompes funèbres, de leur côté, sont en manque de cercueils. Comment joindre l’utile à l’utile ? En carton, résistant, bon marché, équipé de barreaux en métal, tout de même, c’est une solution populaire, économique, rapide. Quelques manipulations, à la portée même de ceux qui n’ont pas fait Saint-Cyr, et la métamorphose s’opère. De quoi suppléer à la pénurie de lits hospitaliers, éviter la propagation du fichu virus... et baisser considérablement les coûts d’inhumation.

Tout bénéfice !

Poiré 23 mai

 

Sans vouloir faire la publicité pour cette couche d’exception, convertible, bien mieux qu’un vulgaire châlit, on peut y glisser un patient pesant jusqu’à 150 kg. Ce simple cartonnage semble pouvoir être utilisé durant 18 mois. Et surtout, en cas de décès, ce qui devrait être le cas bien avant ce délai d’un an et demi... le corps n’a pas besoin d’être manipulé, personne n’a à le transférer. On passe directement à l’ultime confort. En cette période de pandémie, le contact avec le patient est ainsi réduit à sa plus simple expression, et, même, le virus, dit-on, ne survivrait que 24 heures sur ce support, alors qu’il pourrait s’installer pour bien plus longtemps, au moins trois jours, voire davantage, sur d’autres matières. Un couvercle, cartonné lui aussi, s’ajuste sur le dessus, une vidéo en témoigne, et en quelques secondes, merveille : le tour est joué. Ce véritable cercueil des temps modernes se révèle en même temps particulièrement écologique, puisqu’il est biodégradable. Bref... je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le remède à tous nos maux, mais, tout de même, que d’avantages !

En cherchant, j’ai découvert un projet datant de 2015 : des lits qui se transforment en cercueils, pour survivre durant un tremblement de terre : ils viennent de Chine. Plusieurs modèles anti-séismes sont disponibles, dotés d’une réserve d’eau, de kits de secours, d’un extincteur, d’un mégaphone, de provisions alimentaires qu’il doit falloir garder à jour, et de masques à gaz. De quoi survivre plusieurs jours sous les décombres. Ces modèles suréquipés, malheureusement pas forcément adaptés au Covid, je les ai trouvés après, en préparant ce petit article. Mieux encore que le supposé syndrome de la cabane !

N’empêche, pour en revenir à l’appel sympathique de C., eh bien, croyez-moi si vous le voulez, avec cette voisine et amie, éprouvée, actuellement, violemment, par la vie, nous avons terminé notre conversation en riant aux éclats.

Presque aux larmes.

 

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