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Vivre confinés
19 mai 2020

Depuis le Brésil

 

par Anne Poiré


 

D. hier au téléphone m’a longuement parlé de son fils qui vit à São Paulo. Elle était justement allée voir l’an dernier, à peu près à cette même date, ou presque, ce jeune père de famille, marié, radieux. Il se régalait, dans cette ville parmi les plus populeuses du monde.

Pour lui, tout a commencé en janvier, bêtement, par une histoire de poil.

Sur la cuisse.

L’un d’eux a choisi de pousser à l’envers, créant un abcès. Pas rien : son fiston s’est tout de même retrouvé hospitalisé, pour la bagatelle de dix jours. Il a été « chassé », dans la précipitation, hors de cet établissement de santé, car – pur hasard – les Urgences venaient de voir arriver le premier cas de Covid-19 de ce pays.

On sait que le président Jair Bolsonaro, qui perd un deuxième ministre de la santé en moins d’un mois, là, en mai, critique régulièrement les mesures de confinement, malgré l’effondrement sanitaire actuel. Pour le fils de D. ont suivi deux semaines angoissantes, dans cet état le plus touché d’Amérique du Sud à ce jour. Mais ouf, il a pu échapper au pire. Il a repris le travail.

Pas très longtemps : un cas du fameux virus a été détecté chez l’un de ses collègues, occupant des bureaux, à l’étage dans lequel il s’était remis à la tâche. Retour à la maison, et cette fois, télétravail, pour tout le monde.

Après quinze jours de sueurs froides et d’inquiétudes, la vie a commencé à reprendre, de façon plus « normale ». La preuve, un week-end, il faisait très beau, il est descendu en bas de leur résidence, avec femme, enfant, rires et bonne humeur. De joyeuses vidéos ont été envoyées à D. : elle a pu voir le monde, la foule tranquille, agglutinée, les jeux, entre les petits, l’ambiance festive et amicale.

Le lendemain, ils apprenaient que l’une des nounous, avec laquelle ils avaient été en contact, la veille, était morte dans la nuit.

Du Covid-19, faut-il le préciser.

Ils n’ont fait ni une, ni deux, ils ont rassemblé dans la précipitation leurs bagages, traversé le pays avec leur voiture, se sont installés chez les parents de la jeune femme, lesquels bénéficient d’un logement indépendant, dans une petite ville, tranquille : peu de cas du virus, pour l’instant, rien ne vient troubler leur nouvelle existence de confinés.

 

Poiré 19 mai


Le fils de D. doit juste encore aller vider leur grand appartement de São Paulo, dont ils n’ont plus besoin, désormais, dans lequel ils ne retourneront plus jamais : il lui faut tout faire mettre en container, et attendre, ensuite, que les frontières veuillent bien rouvrir à nouveau, un jour. Pourvu qu’en chemin, il ne croise personne qui soit infecté.

Depuis des années le fils de D. espérait obtenir une promotion. Il rêvait de se rapprocher du siège de l’entreprise pour laquelle il travaille. Au premier juin, dans moins de quinze jours, il va commencer son job, en Californie. Le contrat est signé.

Tout va bien.

Enfin, presque : sans parler des avions qui ne circulent plus guère, en cette période de pandémie, Donald Trump a fermé de manière drastique, à double tour, les portes de son pays.

Impossible d’entrer aux États-Unis.

Pour combien de temps ? Mutation au temps du coronavirus, le fils de D. va donc, en principe, démarrer sa nouvelle activité américaine en continuant le télétravail, depuis le Brésil.

 

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