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Vivre confinés
15 mai 2020

Le test du Covid

 

par Anne Poiré


 

Il y aura eu tellement de façons de vivre ce confinement ! J’ai eu hier longuement au téléphone F., épuisée. « Avec C., nous commençons à souffler. Beaucoup ont utilisé ce temps pour se lancer dans le rangement, lire, écrire... Nous n’avons rien fait de tout ça : nous avons accueilli nos enfants. Ils ne pouvaient pas rester en ville, en appartement. Nous avons réaménagé la maison, profité du jardin. Ils viennent de repartir. Nous n’avions pas pensé que ça pourrait durer deux mois, il a fallu s’organiser.

Nous sommes sur les rotules. Et j’ai attrapé le Covid. La crèche de ma petite-fille de 20 mois a appelé, au bout de dix jours : beaucoup d’enfants étaient atteints. On a mieux compris pourquoi elle tournait la tête quand on lui présentait même des aliments que, d’ordinaire, elle aime. Elle avait peut-être perdu le goût ? » Suspicion, en tout cas. Ni sa petite-fille ni F. n’ont été testées, mais notre amie reste exténuée, avec des symptômes en dents de scie, pas encore terminés.

F. nous a aussi longuement parlé de sa tante, âgée de 94 ans. Placée « en sécurité » dans un EHPAD, elle vient de survivre à des semaines inimaginables : plus de 20 morts, au moins, du coronavirus dans son havre de paix. Depuis quelque temps, l’établissement ne communique plus de chiffres. Elle, il a fallu qu’elle souffre le martyre de sa hanche, s’en plaigne, longtemps, à gémir, pleurer, durant trois semaines, pour qu’enfin, après tant de douleurs intenses non prises en compte (son généraliste n’avait plus accès à cet établissement), elle aboutisse à l’hôpital.

Les examens ont été décisifs : si une fracture du bassin mal re-soudée (trois semaines après !), à opérer, a pu être décelée, au passage, le scanner a aussi découvert que 30 % de ses poumons étaient atteints, alors qu’elle n’avait aucun souci de cet ordre auparavant : Covid, c’est sûr, a dit l’hôpital. Mais une radio ne suffit pas pour attester de la maladie, visiblement... Au test nasal, dont beaucoup disent qu’il n’est pas si fiable que cela, surtout s’il est mal fait, le résultat s’est avéré négatif. L’écouvillon a-t-il été trop peu enfoncé ? La charge virale se situait-elle ailleurs que dans le nez ? « On nous a affirmé que finalement, non, elle n’était pas atteinte. » L’hôpital a dû la garder, néanmoins, en raison de cette fichue hanche. Et elle est restée, tout de même, dans un service COVID. Là, elle a fini par subir un test sérologique, oui, trois tests, en quelques jours, dans le même établissement de santé, et la conclusion a surpris ses neveux : « Ben si, elle l’a ! C’est certain. Cette dame a été atteinte par le Covid-19 entre le... et le.... » J’ai oublié les dates précises, mettons le 1er et le 2 mai. « Elle est en fin de contagion, désormais. » Ouf ! On lui a refait un test, le quatrième, donc, toujours dans ce même établissement, à la fin, et face à la conclusion, stupeur : « Ben non, cette dame n’est pas malade. » Ce n’est pas très rassurant, soit sur la validité actuelle des tests, soit sur le fait que le corps peut ne garder aucune trace d’anticorps, de la circulation de la maladie. Que de bizarreries !

Nous ne pouvons que nous interroger. Que penser des tests ? Il me semble que les poumons ainsi atteints constituaient un indice irréfutable, mais je ne suis pas médecin. La pauvre tante de F., pour l’instant, a bien du mal à se remettre, entre sa hanche, le Covid, et je vous ai fait grâce d’autres soucis de santé - au milieu de tous ces troubles - associés, sans doute, à la prise d’anti-coagulants, et qui ont suscité une batterie incroyable d’autres examens, lourds, sans doute douloureux.

 

Poiré 15 mai


Bien sûr, aucun membre de la famille, ni durant ces terribles semaines, ni pour l’instant, ne peut lui rendre visite. Elle a finalement réintégré la maison de retraite. Le gouvernement ayant assoupli le droit de visite, des neveux ont envisagé d’aller lui remonter le moral. « Impossible. Vous ne pourrez venir la voir que si elle est en fin de vie », a répondu l’EHPAD, où elle est retournée, et où elle ne voit que très peu le kiné, ce qui suppose que la marche risque d’être – hélas - perdue pour elle, au final.

Uniquement en fin de vie ?

Mon amie préfère qu’on ne l’appelle pas pour lui proposer un rendez-vous.

 

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