Confinement, post-scriptum
par Annie R.
Je me demandais si le blog allait continuer, et je me disais que, de toute façon, avant nouvelle étape, j’aurais quelques rajouts à faire, un genre de « liquidation avant changement ». Des photos que j’aurais pu envoyer, des précisions que j’aurais dû apporter.
De Lorient, ma résidence de confinement, j’ai montré, au long de mes déambulations, plusieurs aspects. J’ai envoyé un jour la photo d’une fresque, illustrant le « jardin partagé » au pied d’un groupe d’immeubles de logements sociaux près de chez moi. Ces jardins, il y en a dans différents quartiers, gérés par des associations, lieux de convivialité et d’initiative populaire, aidés par la ville. Dans certains d’entre eux nous avons pu voir des gens en train de les entretenir, de préparer la suite. Ils m’ont tous semblé, avec leurs ilots de capucines éclatantes, leurs plantes médicinales, leurs alignements bien tracés, leurs décors de matériaux naturels, plus encore fournisseurs de bien-être et de beauté à échanger que de provisions de nourriture. En ajoutant une photo de la fresque, je précise qu’elle a été peinte il y a deux ans - par un collectif d’habitants autour d’Oscar Yana, artiste lorientais originaire des Andes - sur l’un de ces innombrables blockhaus, souvenirs durables de l’occupation allemande incrustés un peu partout dans notre paysage. Reconversion sympathique !
Concernant les maisons que j’ai beaucoup regardées et photographiées au début du confinement, j’ai aussi quelques regrets. Outre les maisons des années 30 « à l’italienne », on peut en voir de plus anciennes, souvent reconstruites à l’identique après les destructions de la guerre, et de plus récentes, des années 60 ou plus, tout aussi remarquables. Je vous adresse une de ces « maisons d’architectes », celle qui jouxte l’église Jeanne d’Arc.
Ce qui fait le charme de ces quartiers, c’est la diversité. Pendant la Reconstruction des lots ont été confiés à des architectes différents, on peut lire leurs noms inscrits sur les maisons, et même si l’on retrouve certains « modèles » répétés à différents endroits, on a bien pris soin de personnaliser, par des détails : les frises géométriques, les motifs « Art Déco », les mosaïques, comme sur cette étonnante maison de la rue Bayard - qui elle est un modèle unique…
Je suis loin d’avoir été exhaustive lorsque j’ai relevé les noms affichés sur de nombreuses villas. Mais il y en a au moins un que je regretterais d’avoir laissé passer. La maison s’appelle « Soleil d’Orient ». C’est le nom du premier bateau construit par le port, en 1671, qui aurait donné son nom à la ville. Mais aussi le nom de la principale loge maçonnique, dont le propriétaire de la maison, plus récente, aurait été un dignitaire. On retrouve ce symbole du soleil sur d’autres bâtiments, sans doute plus ou moins maçons.
Que le soleil de la bienveillance nous éclaire !
(10 mai 2020)