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Vivre confinés
9 mai 2020

Un temps d'exception - Mars-Avril 2020 (3)

 

par Roseline C.


(suite et fin)

      
        Les distractions/occupations
  

La lecture, à mon grand étonnement, n'a pas pris plus de place. Le matin, en prenant mon petit déjeuner, je lis des revues, le soir un roman. Il est rare que je lise dans la journée hormis des articles sur l'ordinateur. Je retiendrai une belle découverte grâce à Claude C., le poète Georges Haldas dont j'ai lu des entretiens qui m'ont transportée par la clarté, la finesse, la sensibilité de ses propos, à la fois sur son vécu et son rapport à l'écriture poétique. Une écriture qui porte la vie, une profonde humanité.

Je consacre peu de temps à l'écriture. Je n'arrive pas à m'atteler à une écriture personnelle (par exemple mon autobiographie, projet toujours remis), à mettre en forme des écrits épars. J'écris quelques longs mails, voire des lettres que j'envoie par le net.

J'ai fait des collages, cette activité me vide complètement la tête, le choix des images, leur découpage, leur assemblage m'occupe entièrement. Comme je n'arrive pas à me mettre à la méditation ça en tient lieu.

La télévision prend une plus grande place. En fin de journée je regarde des émissions d'actualités. Je détaille les programmes à la recherche de documentaires, de films pour la première partie de la soirée.

          Les résolutions

Jour 2 - mercredi 18 mars j'ai écrit dans mon cahier :

 Au cas où ce confinement dure longtemps je me fixe les objectifs suivants :

- 1er temps : écrire les articles pour LA PAGE et sur AZF.
Ces articles ont été écrits.

- 2ème temps : nettoyage des balcons si le temps le permet puis de l'appartement.
Les balcons ne sont pas encore entièrement nettoyés.

- 3ème temps : trier les courriers, classer mes carnets, faire la mise en ordre envisagée depuis longtemps.
Je n'ai trié que mes mails.

Je me suis vite rendu compte qu'il fallait que je me laisse en paix et que je cesse de me mettre sous contrainte.

 

Balcon 2 - 3

 

          Le vécu

Au début du confinement je me trouvais dans une période très chargée, engagée dans de nombreux projets depuis la rentrée de septembre. Cette situation devait s'arrêter de fait avec le début de la cure que je devais faire à Jonzac à partir de mi avril. Le confinement a mis un coup d'arrêt radical à tout ce qui était en cours, j'ai ressenti une sensation de soulagement. L'extérieur avait décidé pour moi, terminé les réunions, les rendez-vous, les il faut que… Enfin j'allais disposer de tout mon temps. Passé cette période d'euphorie, la privation de liberté a commencé à être plus lourde et au 43ème jour de confinement elle a complètement disparu. Ce qui était une découverte, un temps d'exception jamais imaginé devient une situation dépourvue de ce qui fait le sel de vie, même si les ami.es sont toujours là et heureusement, mais pas le corps, ce corps qui dit tant de nous ; les expressions du visage qui si parlantes.

Une situation trop longue, trop terne, trop anormale ; trop dans le manque de contacts humains ; trop effrayante pour l'avenir ; trop d'incertitudes.

Un temps de confrontation à soi, à nos fragilités.

Le moindre incident devient angoissant. La crainte permanente du grain de sable. Le téléphone, l'ordinateur, la télévision ne doivent pas tomber en panne. Par exemple un de mes volets roulants s'est coincé, consternation que faire ? Heureusement mon réseau a fonctionné, j'ai pu être dépannée. Un incident mineur qui m'a déstabilisée.

La sensation que l'on ne maîtrise plus rien s'insinue progressivement. On ne peut pas apporter une aide, il faut rester confiner pour le bien commun. Tout nous échappe. Comme le dit Kamel Daoud, "le confinement est une rétractation de l'humanité. Nous ressentons ce qu'est être le dernier maillon d'une chaîne".

Traversée par tout ce qui se passe l'impuissance m'envahit. La mort rôde.

Accepter et vivre l'incertitude n'est pas aisé. Maintenant il faut se préparer au déconfinement, un nouveau déséquilibre. Il va falloir réapprendre le dehors, sortir de ce dedans cadre rassurant de ces deux mois.

Lors de ma dernière balade, il y a deux jours la pluie s'est mise à tomber à grosses gouttes, loin de me fâcher, une sensation de bien-être m'a envahie, comme si ces gouttes venaient laver cet intérieur sous tension, effacer la noirceur. Je suis rentrée trempée mais contente.

Un petit peu encore
Et la lumière encore
heureuse d'un matin
revêtue de rosée
avec un coq au loin
un oiseau sur la main
à l'heure du café
avant de travailler
Avant de devenir
chaque jour plus humain

                                                     Georges Haldas


 Mercredi 29 avril 2020 - Confinement - Jour 44

 

 

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