Le poids du confinement

par Anne Poiré

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J’ai lu hier dans la presse que depuis le début de cet étrange temps de confinement, les Français – du moins 57 % d’entre eux - ont pris en moyenne plus de 2 kilos. Pas loin de 3 pour les hommes, 2,3 pour les femmes.

À l’inverse, je dois avouer que ces semaines « à part » sont étonnantes, pour mon équilibre physique. Loin d’être une grande sportive, j’ai toujours abusé des temps de lecture et d’écriture, à savoir, rester assise sans bouger sur ma chaise pourrait résumer la quasi-totalité de mes journées. Sans doute par peur de me laisser aller, je me suis organisée de façon incroyablement active, j’en souris, depuis le 13 mars. Nous avons une pensée pour la kiné, chaque matin : en raison de mon bassin qui se bloque, parfois, j’ai fini par apprendre, grâce à cette douce ostéopathe, quelques exercices, d’entretien, d’assouplissement, supposés me muscler. Avant, avec Patrick, nous en faisions 10 de chaque, et plusieurs jours par semaine, nous avions une bonne raison pour éviter ce temps pourtant nécessaire. Nous avons désormais doublé la dose. Enfin, pas toujours. Disons que le plus fréquemment, nous faisons désormais 15 exercices (et parfois 20) de chaque série. Quasi chaque jour... Pas si mal !

À cet entraînement spartiate s’ajoute le vélo elliptique. Là encore, on peut se moquer de moi : vite essoufflée, pas passionnée, je me forçais jusqu’à présent à me démener en gros cinq minutes. Cinq minutes par jour, je trouvais que dans la régularité, même minimaliste, c’était déjà beaucoup... J’en suis à trente minutes quotidiennes, depuis plusieurs semaines, désormais, certes réparties en, au départ six séances de cinq minutes, et désormais, parfois, trois fois 12 ou 10 minutes, de quoi me faire rosir de satisfaction ! Je deviens – presque - aussi musclée qu’Eddy Merckx. Optimiste, je suis bien décidée à m’en tenir à ce minimum un peu plus sérieux, même par la suite. Décidément, je suis bientôt prête pour les Jeux Olympiques ! S’ils ne sont pas annulés, en raison du virus...

Quant à la marche ? Je ne l’ai jamais beaucoup pratiquée... Mais tout de même, ne pas se laisser aller me paraît essentiel : j’ai entendu parler de ce monsieur qui a bouclé un marathon sur son balcon et sans vouloir lui voler la vedette ni lui faire concurrence, je me suis dit que le confinement supposait un peu d’entraînement. Zeste ! Baste... Je n’en reviens pas moi-même. Voilà que je m’exerce encore dans un autre domaine !  Il est vrai que ces nouveaux téléphones, qui comptabilisent les pas, sont pour moi réelle stimulation ! Avant le confinement, je me limitais souvent, les « bons jours », à deux, trois kilomètres... afin de ne pas m’ankyloser, en sédentaire paresseuse. Eh bien, désormais, je soigne ma vie sociale, amicale, familiale : je fais chaque jour, de long en large, dans ma salle à manger les rares jours de mauvais temps, sinon, comme un poisson rouge dans son bocal, à tourner en rond dans le jardin, je fais, donc - ah, zut, aujourd’hui, ce n’est pas terrible, quatre kilomètres à peine - « de téléphone ». Eh oui, mes foulées sont ainsi enregistrées, et comme pour descendre au jardin, il faut monter, descendre des marches, six étages sont vite avalés et me donnent l’illusion que « je m’entretiens ». Ainsi, j’ai parfois fait « sept kilomètres de téléphone » dans la journée, expansive que je suis, et, pour une non-sportive dans mon style, quel athlétique exploit !

De ce fait, avec aussi mon respect scrupuleux du confinement et le fait d’avoir évité d’aller faire des courses, contrairement à mes concitoyens, je perds peu à peu du poids, et je m’en trouve ravie. Résultat, je suis très inquiète d’un éventuel déconfinement à venir. Gourmande, confite au sucre : mieux vaudrait, pour mon équilibre physique, que dure encore un peu ce temps hors-norme de bataille contre le Covid-19.