Journal de déconfinement
par Maggy
Qui croire ? On triche partout sur les chiffres de contaminés, de malades en réanimation légère ou profonde, de malades guéris. Les enfants ne sont pas en danger, surtout les plus petits… mais ils font des maladies étranges de résistance au virus. Et puis on n’en est plus très sûr. Du coup les parents sont inquiets, les deux tiers d’entre eux ne mettront pas leurs enfants à l’école. Cela tombe bien car il n’y a pas assez de places dans les classes…
Nous vivons une époque moderne, disait Desproges (?), trop moderne.
Je confesse avoir entrepris un petit déconfinement précoce, avant le 11 mai.
De toutes les façons je ne sais pas si mon département, l’Eure-et-Loir, est en zone orange ou verte.
J’ai envoyé une lettre, par mail, à mes enfants, prétextant mon grand âge et une foule de choses à faire dans la maison : rentrer du bois, réparer des robinets, des prises électriques, éventuellement m’emmener voir mon médecin référent et pour mon fils kiné soulager mes épaules bloquées.
Ils sont venus. On ne s’est pas embrassés, ni câlinés, on a mis des masques, on s’est lavé les mains et on a pris nos repas à 2 mètres les uns des autres. Cela nous a fait beaucoup de bien à tous, je crois, d’autant plus qu’il a fait beau. On a même été se promener le long de la rivière pour écouter les oiseaux. Ils sont rentrés sans problèmes à Paris.
Cette nuit à six heures, je me suis réveillée et ai mis la radio pour écouter les premières nouvelles. Plutôt moins mauvaises. Mais j’ai entendu soudain qu’on avait découvert un nouveau signe de coronavirus : des doigts de pied qui deviennent rouges. J’ai ouvert ma petite lampe. J’ai depuis plusieurs jours une tache rouge sur la face interne de la cheville, attribuée à un choc et à la prise d’aspirine quotidienne. Je scrute mes orteils et les vois légèrement plus rouges que d’habitude. Panique ! Je n’aurais pas dû voir les enfants, je téléphone à mon généraliste demain. A 7 heures et demi, il fait jour. Mes orteils sont comme d’habitude. Le soleil brille.