Libre fenêtre
par Nadine P.
Là, dans cette rue que je parcours souvent depuis qu'il y a bientôt sept semaines, mon compas l'a identifiée comme une des balades possibles, je revois ce premier lieu, les premières clés qui ouvrent sur le premier refuge d'indépendance.
Ce matin je ris sur ce trottoir car le volet roulant s'ouvre.
Je revois ce premier jour, quelques heures après mon installation. À peine 20 ans, j'arrivais dans la Grande ville et, habitudes de campagne reculée où on n'enferme rien, ne cache rien, hiver oblige et sans réfrigérateur, je déposai une plaquette de beurre et quelques autres victuailles sur le bord de fenêtre.
Je n'eus pas longtemps à attendre avant qu'un passant qui passe s'empare de mes trésors.
Je souris à ce souvenir.
Seule dans la rue est cette fenêtre ouverte au vent, les autres sont armées de barreaux, de grilles, chien ou pots de fleurs confinés derrière.
Je repars, l'heure autorisée est bientôt passée.
Je lève la tête au vent, j'ai rajeuni ou plutôt mon souvenir, lui, a rajeuni.
(1er mai)