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Vivre confinés
2 mai 2020

Escapades

par Bernard M.


Ces jours derniers nous avons osé nous aventurer un peu plus loin. Comme en préliminaire du 11 mai attendu…

D’abord nous avons fait rouler la voiture. Histoire de recharger un peu la batterie. On se souvient trop d’une mésaventure parisienne. Un jour nous avions eu besoin de notre voiture que l’on utilisait très, très peu dans le quotidien. Impossible de la démarrer. Batterie totalement à plat. On n’a pas envie de se retrouver dans la même situation lorsqu’on pourra la reprendre. Là, pas de souci, elle démarre sans difficulté mais on trouve prudent de rouler un peu pour recharger.

C’est la première fois que nous quittons l’extrême proximité de la ville. On remonte jusqu’au lac, superbe en ce temps de hautes eaux printanières, nous nous arrêtons sur le parking pour le contempler un moment mais sans descendre de notre véhicule puisque les promenades ici sont interdites et qu’on est bien au-delà du kilomètre réglementaire. Puis on monte un peu plus haut, on roule dans la forêt, la nature est si verte, si attirante, on voudrait aller se perdre dans les sentiers qu’on imagine plein de remuements d’animaux qui ont dû se sentir libérés en ces temps sans humaine présence. On revient tranquillement par une autre route. Les voitures sont rares naturellement. J’imagine que ce sont essentiellement des habitants des villages et maisons isolées du secteur qui viennent au ravitaillement. Aucune case sur notre attestation qui correspondrait à notre situation, alors on a juste mis la date et l’heure de notre départ de la maison et on s’est dit qu’on s’expliquerait comme on pourrait avec la maréchaussée si jamais nous étions contrôlés. Ce qui naturellement n’est pas arrivé. On aura fait au total moins d’une vingtaine de kilomètres mais c’était déjà comme un voyage…

Hier, où le temps était assez beau encore mais déjà un peu chargé de nuages annonçant la venue de la perturbation, nous avons osé monter à pied, presque jusqu’au lac. Jusqu’à la sortie de ville on est encore dans les clous du kilomètre. Puis, quand on commence à grimper le long de la véloroute, un ancien chemin interdit aux véhicules à moteur mais goudronné, on sait bien qu’on est sorti de la limite. Et tout de suite on prend conscience d’une chose : toutes nos petites promenades jusque-là étaient sur le plat, on sent dans nos jambes la dénivelée, bien modeste pourtant, 150 m environ. On réalise à quel point on perd vite habitude et entraînement. J’imagine ce que ça peut être pour ceux qui ne bougent pas du tout et cet autre problème de santé publique qui résultera de la perte d’exercice, notamment pour des personnes âgées, qui auront du mal à se remettre en route et je pense alors bien sûr à mon père…

 

P1010840 (Copier)

La ville, vue de la crête au-dessus du lac

Nous arrivons sur la petite crête qui sépare la plaine du bassin dans lequel se trouve le lac. On ne voit pas le lac d’ici malheureusement, à cause des bois et des villas. Nous hésitons à descendre vers le barrage et y renonçons. La route qui fait le tour du lac, lieu touristique en temps normal, est susceptible d’être parcourue par les gendarmes venus vérifier que personne ne déroge à l’interdiction. Le risque est mince mais nous ne le prenons pas. Je m’en irrite intérieurement, me sentant un peu pleutre à céder si vite à la peur hypothétique du gendarme. Nous restons un peu sur la crête avant d’emprunter un autre chemin pour la redescente, caillouteux et exclusivement piétonnier celui-là. Nous croisons une seule personne en tout et pour tout, un jogger en short et torse nu qui s’entraîne intensivement en faisant des allers et retours en montée et en descente là où la pente est la plus raide. A l’ombre, à un détour du chemin, nous nous posons un moment pour boire un coup et modifier les horaires sur nos attestations. Et nous revoici bientôt dans le cercle du kilomètre, délesté enfin de cette pointe d’inquiétude qui, malgré le plaisir de la balade, a pesé sur nous en raison de notre manquement bien inoffensif à la règle. Vivement le 11 mai…

Aujourd’hui il pleut méchamment et l’ambiance est plutôt sinistre. C’est le Premier Mai et, en ce milieu d’après-midi, la place est plus silencieuse et vide que jamais. J’écris ces quelques mots et je repense à d’autres Premiers Mai, aux vendeuses de muguet sur les places, aux défilés, aux pots pris aux terrasses bondées des cafés, un autre monde, un autre temps…


(vendredi 1er mai, 16 heures)         

 

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Commentaires
T
Merci pour ces confessions d'un piéton non solitaire mais "quoi qu'on die" ( ;-)) cette expression est admirable, n'est-ce pas ?) tout de même solidaire.<br /> <br /> Car la santé générale nécessite une hygiène de vie que les voyages autour de la chambre ne peuvent suffire à maintenir.<br /> <br /> Merci de le revendiquer somme toute joyeusement et paisiblement.<br /> <br /> Rappelons Nietzsche qui disait ne pouvoir bien penser qu'en marchant, tout comme les philosophes grecs de l'Antiquité. <br /> <br /> L'école républicaine, qui va reprendre petit à petit, ferait bien de changer sur ce point au lieu de "contenir" et "confiner" les corps de toute une jeunesse qui aurait besoin d'exercices physiques nombreux. <br /> <br /> Ah ! Si l'Après pouvait introduire la marche comme pratique scolaire !
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