Déconfite

par Nadine P.

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30 avril, matin frileux.

Les mots ont été dits. Date à entourer sur le calendrier froissé, épuisé de solitude : 11 mai.

Où est passé avril ? Ses aubes hésitantes et ses soleils nouveaux, surprenants.

Mais où est mars à présent ? Un coma organisé m'a enlevé les semaines passées en conscience, avec une facilité et une acceptation déconcertantes.

J'ai tout accepté : m'enfermer – me retirer – me soustraire – trier – ignorer la vitesse et lui préférer la patience – me détourner de l’égoïsme et m'ouvrir à la bienveillance.

J'ai tenté de rester yeux écarquillés sur l'autre et le monde.

11 Mai. J'ai peur.

Que vais-je laisser de moi, chez moi ?

Qui vais-je ignorer dès ma porte passée ?

Et surtout, suis-je obligée de devenir celle que j'étais ?

Une date imprimée, déprimée, inscrite. Comme un 1er de l'an prometteur, ou ces jours repères de vos anniversaires que j'aime marquer non pas au fer blanc mais d'attentions et de traces.

Mes craintes m'ont tenu la main hier et Ouessant est apparue en écriture ; se rapprocher de ceux qu'on aime, bientôt et écrire sur les lieux qui eux, devront attendre.