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Vivre confinés
17 avril 2020

Contemplation

 

par Nadine P.


Au commencement, il y a eu la colère. Pas contre le confinement que je trouvais justifié mais très rapidement, autour d’attitudes égoïstes, les gâtés qui ne voulaient pas se résoudre à laisser leurs caprices de côté. « Ça ne me concerne pas, je suis jeune » ou « C’est pas grave, ils sont pas là pour voir quand on fait notre repas de famille. » Puis autre, mais pas mieux dans les valeurs ni dans mon ressentiment. Hop un livre, acheté en ligne dans une entreprise de commerce électronique américaine basée à Seattle (non je ne dirai pas le nom), alors que les librairies indépendantes ne savent pas comment elles vont rouvrir, se relever, et que nos bibliothèques maison croûlent sous les livres pas encore ouverts. Un exemple seulement de mon agacement. Au commencement.

Puis il y a eu le trop ! Là un opéra, là du théâtre, t’as pas lu ça, pas entendu ci, comment pas la lettre d’Annie Ernaux mais comment est-ce possible ? Avec la voix suave d’Augustin Trapenard, en plus. Et donc, fallait « faire du lien », indiquer, relier, envoyer, suivre, lire, écrire, pas bouger : transmettre, coûte que coûte. Surtout, ne rien rater. J’ai fait partie de la chaîne, moi aussi. Tant de gourmandises, ça semblait impératif de faire suivre. Alors que la circulation s’était tarie, que le monde s’était éclipsé sous sa couette pour les uns ou travaillait plus dur encore que d’habitude pour les autres, j’étais en ébullition totale. J’ai compris rapidement que mes neurones allaient virer au grenat si je ne ralentissais pas. J’ai donc diminué mon allure, freiné, stoppé TOUT. Et j’ai vu : cette femme lente qui arrosait les fleurs sur le boulevard déserté. Entendu les oiseaux jazzy aux décibels à fond dans le petit matin en creux. Vu ce jeune homme faisant sa musculation, suspendu à l’échafaudage de la rue M. Surprise par cet homme dans son jardin, souriant, qui voulait m’offrir ses tulipes colorées. Étonnée de toute cette vie à contempler, bienveillante et paisible. Doucement, j’ai relu Joëlle Brière, Jacques Prévert, Michel Lagrange, Andrée Chedid, évidemment Chedid !

Sans contrainte aucune. Revu les photos de Sebastião Salgado et ses mains tendues de travailleurs. J’ai laissé mes yeux grands ouverts sur une contemplation choisie.

 

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