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Vivre confinés
14 avril 2020

Chronique confinée 5

par Peka


 


9 avril 2020

Confinement jour 24

Deux jours sans écrire. À quoi bon ? J’aurais eu le sentiment d’occuper sans conviction le temps qui tire en longueur, qui dure trop longtemps. J’en ai assez de cet enfermement. Ce qui m’apparaissait comme une précaution nécessaire au début devient seulement une mesure d’enfermement.

Hier j’ai commencé le Journal d’Anne Frank. Ce fut un autre enfermement, autrement plus long et plus dramatique. Je ne savais qu’attendre de cette lecture. C’est le portrait d’une jeune fille dont la vivacité, la pétulance apparaissent à chaque page.

*

11 avril 2020

Confinement jour 26

Jour après jour, gagner sa vie, guetter des signes de vie dans le labyrinthe des infos qui parfois m’égarent. Je voudrais avoir de l’espoir et j’ai plein de doutes.

Dans Le Monde l’économiste Thomas Piketty publie une chronique dans laquelle il se demande si la crise du Covid19 « va précipiter la fin de la mondialisation marchande et libérale et l’émergence d’un nouveau modèle de développement, plus équitable et plus durable. » Comment y croire ? Je le voudrais, mais je n’y parviens que très difficilement. J’entends ailleurs des cris de révolte comme ceux d’André Chenet qui vitupère sur Facebook. Si révolté que je sois, je ne peux non plus m’associer à cette colère forte, mais désordonnée, d’un jusqu’au-boutisme inquiétant.

Révolté je le suis, en colère je le suis. Ce que j’en exprime reste mesuré parce que je sais par expérience qu’une colère sans mesure, c’est une dispersion d’énergie, une perte de moyens. Je m’en tiens à l’écriture, à la poésie parce que cela me ramène à l’espoir en l’avenir.

Depuis deux jours j’ai fait beaucoup de généalogie. Distraction constructive comme un jeu sans fin quand il s’agit de poursuivre une chaîne qui s’allonge et me relie à notre histoire. Qu’est-ce que j’ai à y gagner au-delà d’oublier toute notion de temps ? Hier j’ai retrouvé la trace d’un ancêtre de JDS. né en 1445. Cela donne à rêver, cela me ramène à l’école et à l’histoire de France. 1445, la France se remettait à peine de la guerre de Cent Ans, Charles VII était roi, en Italie naissait Botticelli. Impression bizarre de vivre dans un autre monde.

J’ai mis sur la page Facebook un lien vers l’article que je consacrais à Paul Valet en 2011 dans La Pierre et le Sel. La parution de l’anthologie en Poésie/Gallimard donne de l’actualité au poète. Dans le dernier numéro de la revue Francopolis, Dana Shishmanian lui consacre un article où elle fait référence au mien. Tout cela est bénéfique, non seulement pour la mémoire de Valet, mais aussi pour sa présence dans nos esprits perdus. Valet ! Voilà une révolte salutaire, nécessaire ! Un refus de la soumission, une intransigeance pleine d’humanité qui fait du bien.

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Journal d’Anne Frank. Pourquoi ai-je attendu autant de temps pour le lire ? Comme si le personnage, son histoire étaient tellement connus qu’il n’y avait pas lieu de revenir à son support originel. Je me souviens de la visite de la maison d’Anne Frank à Amsterdam en 2008, de cette impression un peu glauque donnée par les lieux, de la petite statue de la jeune fille sur la place voisine.

*

13 avril 2020

Confinement jour 28

Insupportable ! Insupportable et cependant magnifique cette série HBO qui retrace la catastrophe de Tchernobyl. Il y a ce que le scénario dramatise pour donner du relief aux événements, si tant est qu’ils en aient besoin, mais il y a aussi toute la part de réalité qui est la folie des hommes qui a conduit à cette catastrophe et qui est la grandeur de ceux qui se sont sacrifiés.

Ce n’est peut-être pas la meilleure période pour regarder une telle histoire, même s’il n’y a rien de comparable avec celle que nous vivons. J’y penserai ce soir lorsque nous serons à la fenêtre pour applaudir encore une fois les soignants qui font le maximum contre l’épidémie.

Tchernobyl, le Journal d’Anne Frank. Faudrait-il que je renonce à voir, à lire de tels récits ? Personne ne m’y contraint et, quelque part, je sais que je le fais pour ne pas accepter plus, pour pouvoir toujours me tenir debout.

Ce soir Macron doit parler à la télé. Le bon leader s’adresse au bon peuple. Je me suis toujours gardé à distance de l’homme. Trop volontaire, trop souriant. Une sûreté de quadragénaire qui me renvoie dans un âge dont je voudrais qu’il ne soit pas déjà le mien. Mais je reconnais que son dynamisme est bluffant au regard de tous les coups de Trafalgar qu’il a dû affronter depuis son élection. Et ce dernier n’est pas le moindre. Son discours de ce soir est prévisible. Il va se montrer ferme et rassurant, affirmer la nécessité de poursuivre le confinement et laisser entrevoir sa fin dans le même temps pour donner un peu à espérer. Propos de circonstance, de gestion de crise. Qui peut savoir ce qu’il en sera ? On en est toujours à ce que j’écrivais à la mi-mars. Les projections sont utiles, elles ne sont que des outils. Elles ne résolvent pas la situation, elles n’aident pas à endiguer les questions, les doutes, les révoltes qui sont les miennes depuis longtemps et que la situation ne fait qu’aviver.

Pour lutter contre cela, je n’ai que l’amour de JDS. et les mots. Ce sont ceux de ce carnet pour donner une réalité aux questions, aux raisonnements. Ce sont ceux de la presse que je lis pour confronter ces derniers à des avis qui se veulent autorisés. Ce sont ceux de mes proches, de mes amis, des diaristes de l’APA qui les partagent avec leurs personnalités, leurs désarrois et leurs énergies. Ce sont bien sûr les mots des livres. J’ai lu ce matin les chroniques chiliennes de Pierre Kalfon, L’encre verte de Pablo Neruda. J’y retrouve des épisodes de sa vie qu’il redira plus tard dans Gracias a la vida. Cet homme-là avec sa faconde, son optimisme, son goût solaire de l’existence m’en transmet une petite part. Je le dirai à sa femme quand elle pourra accueillir de nouveau notre groupe.

 

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