Alerte !

par Catherine Bierling

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 La cigogne parfait son nid

Installée là-haut sur l’église

Bientôt claqueront les becs

De la danse nuptiale

Cigognes indifférentes

Aux angoisses humaines

Vous avez bien raison !

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Allées  de cerisiers

Explosions florales mousseuses

Blancheur

Perfection

                                   ***

Février

C’était encore menace vague

À présent

C’est méfiance et panique

Celui qui s’approche

Il faut le fuir

Et soi-même

Un danger pour tous

                                   ***

Soleil indifférent ?

Soleil réconfortant ?

Petite brise acide

Nous effleure les narines

Luminosité généreuse

Envahit le cœur

Réchauffe l’espoir

                                   ***

Les poules d’eau

Les colverts

Les grèbes huppés

S’affairent

À préparer leur nid

Les cycles de la nature

S’efforcent de persister

Contre tout ce qu’avec ardeur

Nous avons

Tenté de dévaster

La famille des oies

Et sa nombreuse progéniture

Glissent à la surface du lac

Presque immobile

                                   ***

Tout ce que nous avons torpillé

Un ennemi invisible nous le renvoie à la figure

Changera-t-on enfin de braquet ?

Serai-je encore là pour m’en assurer ?

La menace n’est plus virtuelle

Elle hante nos portes, nos fenêtres

Notre atmosphère respirable.

Longtemps, j’ai imaginé que l’atome signerait notre perte

Voici qu’il s’agit

Du petit pangolin malin

Par chauve-souris interposée

Ou bien l’inverse ?

                                   ***

Mais les passants vont deux par deux

Chiens, enfants

Amis, amours

Main dans la main

Le lien !

Sans lequel on n’est

RIEN

                                   ***

Le grèbe huppé

Je l’ai si souvent rencontré

En nageant au lac

Fière tête noire coiffée

De son chapeau de plumes coquet

Son œil perçant

Son bec effilé.

Après un plongeon éclair

Il réapparait

En un tout autre lieu

Petit poisson au bec

Tant de créatures parfaites…

Et nous, humains déboussolés.

                                   ***

À l ‘Ouest, vers les Vosges

Se profilent de lourds nuages

A Mulhouse, crainte de manquer

De lits d’hôpital

À l’Ouest, menaces

Qui ne manqueront pas de nous rejoindre

Cela assombrit

La clarté du jour

                                   ***

Pressentiment du voile de la mort

Dans la parure dorée du soleil

Faire face

À tout ce qui adviendra

Tout en rendant grâce

Aux beautés qui nous entourent                               

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(16 mars 2020)