Confinement trois étoiles
par Brigitte Beaudin
C’est ainsi que mon ami Françoise décrit le sien. Comme elle et comme nos amis qui vivent à la campagne, je ne me sens pas confinée. J’ai une vieille maison assez spacieuse, un jardin et une dépendance dans laquelle nous avons entreposé de nombreuses caisses qui ne demandent qu’à être vidées.
Dans notre hameau, c’est calme, mais pas plus que d’habitude. Les enfants de nos voisins jouent derrière les barrières et communiquent sans les franchir. Leurs parents s’activent. Une bétonnière tourne et un petit muret se monte. Au printemps, il longera l’allée qui mène vers la maison d’habitation. De l’autre côté, une tronçonneuse a fait de quelques arbres des sortes de monstres privés de bras. La réserve de bois est assurée. À genoux par terre, ma jeune voisine arrache les mauvaises herbes et arrange une rocaille dans laquelle s’épanouissent des fleurs jaunes et violettes... Très joli ! Mon mari retourne la terre dans laquelle il plantera des tomates, des haricots verts, des courgettes et du basilic. Cet été, nos enfants et nos petits-enfants, coincés à Paris, pourront déguster des produits frais. Ces derniers jours, il a fait frais et les deux petits arbres plantés cet automne pour fêter la naissance de notre petit dernier ont été protégés par un voile de toile blanche. Ils doivent être protégés car ils sont encore très fragiles.
Moi, je ne sors pas de notre propriété. Je me balade dans le jardin et, quand j’en ai le courage, je vide les caisses. J’ai déjà rempli les 12 bibliothèques que nous avions installés le long des murs du premier étage. Des livres classés par thèmes, des boîtes de photos, des cartons emplis des lettres qui m’avaient particulièrement touchée et du temps pour profiter de tous ces trésors et me permettre de m’évader.