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Vivre confinés
6 avril 2020

L’attente (1)


par Laurent L.


Le confinement au Costa Rica, il y a des sorts plus durs à supporter !

Nous avions quitté la France encore insouciante du danger qui la guettait. Au Costa Rica nous étions loin « d’un mal qui répand la terreur[1] ». Mais la pandémie s’étendait et nous rattrapa avant la fin de notre séjour au Costa Rica. Voilà deux semaines que nous profitions de ce voyage et parcourions le pays guidés par nos amis Marco et Anayenci. Comme nous les avions accueillis en France, ils nous rendaient la pareille et étaient contents de nous montrer les ressources de leurs pays. L’épidémie était loin, nous l’avions laissée de l’autre côté de l’Atlantique. Lorsque nous avions quitté la France c’était encore l’insouciance malgré l’inquiétude montante, nous prenions l’habitude de nous laver les mains, la décision du confinement ne sera prise que 12 jours après notre départ. Ici, on en parle encore peu, ou comme d’un lointain danger qui ne saurait atteindre un si petit pays. Nous suivons les nouvelles de près, les réseaux sociaux, les journaux auxquels je suis abonné, rien de ce qui traite de l’épidémie ne nous échappe. Nos communications avec la famille sont quotidiennes via Whatsapp et nous suivons les étapes de mise en œuvre du confinement et les difficultés que son contingentement soulève. À la fin de notre périple avec nos hôtes, ceux-ci nous accueillent dans un des bungalows d’un camping qu’ils possèdent. Leur bungalow est voisin du nôtre, proche d’une plage au nord-est du pays, une province où il ne pleut pas à la saison sèche, le Guanacaste. L’endroit est idyllique, il s’appelle d’ailleurs Playa Hermosa, « la belle plage ». Du sable gris bordée de cocotiers et de palétuviers ou se croisent joggers, promeneurs, quelques touristes américains pour la plupart.

Playa Hermosa_mess

 

Le matin je suis réveillé de bonne heure par les singes hurleurs qui font du tapage dans les immenses manguiers au-dessus de nos têtes. Je vais avec Marco promener les chiens qui vont courir sur la plage. L’eau est bonne, à température ambiante. Dans la journée, Anayenci nous fait découvrir la région et visiter sa famille, sa vieille mère diabétique, une dame charmante de quatre-vingt-dix ans qui doit faire très attention au virus dont elle écoute la progression à la radio. Sa sœur et son beau-frère sont moins sensibilisés et ont la même inconscience que moi douze jours auparavant lors de notre départ, alors que nous voyions encore peu de masques à l’aéroport de Roissy. Nous sommes loin de l’hystérie collective du coronavirus que nous sentons monter en France lors de nos échanges de messages avec nos filles. Pourtant il nous rattrape. Les premiers cas ont été détectés à la capitale, San José, mais aussi non loin de notre lieu de villégiature. En Europe les événements s’accélèrent, la maladie s’étend, le nombre de morts explose en Italie surtout, puis en France et aussi en Espagne. Le confinement à du mal à s’imposer et nous suivons les réactions alarmistes pour certains, réfractaires et inconscientes pour d’autres. Nous sommes depuis quelques jours dans notre bungalow lorsque la décision du confinement est prise en France. Simultanément, ce 17 mars nous recevons notre première alerte, un message de l’ambassade de France au Costa Rica à tous les Français qui se sont inscrits sur la base Ariane du Ministère des affaires étrangères et qui nous informe de l’arrêt prochain des vols Air France et nous incitant à nous renseigner pour notre retour. Air France ne répond pas au téléphone et trois jours plus tard, c’est un mail d’Air France que nous recevons, notre vol est annulé, nous voici bloqués ici. Nous décidons d’aller directement nous renseigner à l’aéroport de San José. Voilà deux semaines que nous nous laissons guider par Anayenci et Marco et l’actualité nous rattrape dans ce petit pays bien sympathique. Il est temps de quitter nos hôtes, d’autant plus que l’épidémie s’étend au Costa Rica et que les recommandations de l’OMS ne sont pas encore rentrées dans les mœurs. Que ce soit les touristes, les habitants ou nos hôtes, ici peu de gens prennent des précautions. Nous sommes à deux cent soixante kilomètres de San José. Nous louons une voiture pour rejoindre l’aéroport avec l’idée de rester là-bas tant que nous n’aurons pas une date précise pour notre départ prévu initialement pour le 25 mars. Marco met à notre disposition son appartement de San José autant que nous en aurons besoin, une aide qui nous sera précieuse. Nous arrivons vers 19 heures, il y a foule à l’aéroport. Nadia redouble de précaution, insiste pour que, moi aussi, je mette un masque et verse dans nos mains un jet de gel hydroalcoolique chaque fois que nous touchons une rampe ou une poignée. Je me souviens de mon insouciance il y a quinze jours. J’avais pris une photo de Nadia à Roissy portant son masque et je l’avais envoyé à ses filles sur Whatsapp avec une légende « La touriste prête à combattre le virus ». Moi je négligeais cette précaution. Les gens ici sont dans le même état d’esprit que moi il y a deux semaines ! Peu de masques dans le hall, les gestes de précautions ne sont pas encore rentrés dans les mœurs.

(à suivre)



[1] Jean de La Fontaine, in Fables, Livre 7, 1678 « Les animaux malades de la peste »

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