"Passagers du vent"
par Jasmine Schwarz
J1
Soudain la ville
fut plongée
dans le silence
Vertige
Rues désertées
absence
Fragiles et solitaires
Nous sommes
passagers du vent
éclats de poussières
J2
Circulation raréfiée
la nature reprend ses droits
Les oiseaux
piaillent
à pleine voix
Vivre l'instant
Dans la rue
les rares passants
masqués
sortis du cocon maison
vont se ravitailler
à vive allure
J3
Ciel opaque laiteux
mirage
Un bus passe
Le soleil printanier
adoucit
les nouvelles
graves
Bergame pleure ses morts
J4
Un air de fin du monde
hôpitaux débordés
Poursuivre
un semblant de normalité
et le monologue
du quotidien
A la radio
Edgar Morin
parle de ses origines
espagnoles
J5
Au réveil
coupelle brisée
Corps cernés,
corps contraints
Et les pensées en liberté
s'envolent
s'affolent
J6
Un dimanche
comme un autre jour
repères abolis
le temps s'étire
Dans le jardin
les fruitiers en fleurs
ne se doutent de rien
Herbe tondue
les pies viennent
se nourrir des vers de terre
visiteuses improvisées
Ne plus écouter
les nouvelles
au risque
de la déraison
Rester chez soi
Tisser sa toile
J7
Soleil et ciel bleu
ouvrent l'horizon
à travers la fenêtre
Rompant le silence
toujours pesant
les sirènes des ambulances
ou de la police
au loin
L'herbe tremble
sous le vent
où sont passés
les chats du voisinage ?