Délinquer
Hier, nous avons délinqué. Nous avons pris la voiture, roulé 45 minutes, nous sommes garés devant le joli Hôtel des Trois Cœurs fermé et hop ! Randonnée de deux heures pour monter à la Dent de Vaulion, joli et petit sommet du Jura suisse d’où la vue s’étend sur trois lacs : de Joux, de Neuchâtel et le seul, le vrai, le Léman. Superbe. A la montée, nous n’avons croisé personne. Seuls au monde, nous étions. Mais arrivés en haut, malaise : quelques groupes, une famille, des potes, un couple et tous étaient… anglophones ! Les Suisses qui sont un peuple obéissant n’arrêtent pas de nous seriner la radio et la télé et c’est vrai. Seuls les expatriés établis sur la Côte étaient de sortie… et nous, et nous, et nous !
Nous dépenser, respirer à plein poumons, admirer la vue, rencontrer des chamois nous a fait du bien. Quoique. J’essaie de me persuader depuis que cela m’a fait du bien. Mais le petit vélo qui tourne sans arrêt dans ma tête depuis une semaine ne peut s’empêcher de ramener ce verbe : délinquer. Je me souviens du plaisir de resquiller quand j’étais ado. De celui de piquer un bonbon au kiosque, quelques années avant. Les consignes sont faites pour être détournées, je le dis à chacun de mes ateliers d’écriture. Mais il ne s’agit pas là de créer avec les mots. Plutôt de résister aux maux.
Entre maux (de tête dus aux insomnies) et mots (sur mon carnet de voyage immobile), j’ai donc passé mon dimanche dedans, à ruminer sur mon sens de la responsabilité.
Emmanuelle R.