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Vivre confinés
20 mars 2020

Confinement jour 3, 22 h

Excellente idée que ce blog créé par l’APA pour réunir nos textes autour de cette situation folle, totalement inédite, créée par le virus et le confinement qui en résulte. Françoise Bonnot-Jörgens en a eu l’idée depuis son Allemagne, relayée par d’autres, et Elizabeth a mis le blog en place aujourd’hui, merci à elle.

Depuis deux/trois jours, moi qui ai totalement arrêté de tenir journal depuis plusieurs années, je me tâtais sur l’idée de reprendre, au moins le temps de cette expérience et me voici boosté par cette initiative.

Ce qui me frappe c’est cette accélération des choses en quelques jours, comme si on vivait dans un monde totalement différent et comme si la vie « normale » relevait déjà d’un temps lointain.

Jeudi dernier j’ai commencé à sentir le basculement. J’ai écouté le Président, ce que je n’aurais pas fait en temps normal. À la nouvelle de la suspension des crèches, écoles, universités à partir de lundi, je me suis dit, vraiment, ça ne rigole plus, il ne s’agit plus seulement de faire attention par quelques gestes barrière. Je devais monter à Paris mardi pour conduire mon père à un rendez-vous médical dans un service de gérontologie à l’hôpital Charles Foix à Ivry. Je me suis tout de suite dit que ça allait être annulé, mais j’ai maintenu l’idée du voyage en me disant que j’en profiterais pour redescendre avec mon petit-fils de trois ans pour décharger ses parents et pour que lui puisse profiter de notre grande maison, de notre jardin plutôt que de rester scotché dans la poudrière parisienne.

Mais dès vendredi tout change. Coup de fil du fiston. Il y a eu un cas déclaré dans la crèche du petit ! Voici donc toute la petite famille en quatorzaine. Hors de question qu’on aille les voir, hors de question qu’on ramène le petit. Les voici coincés tous les quatre dans leur 50 m2, mon fils et ma belle-fille tentant de télétravailler, avec leur mignon mais tonique petit gars et sa toute jeune petite sœur (bon sang dans quel monde elle arrive !) en permanence sur le dos…

Et puis ça s’accélère. Leur confinement familial n’était qu’une petite avance sur le confinement généralisé annoncé samedi.

P1010682 (Copier)

Dimanche, une rando, est-ce la dernière avant longtemps ?

Dimanche on avait une rando avec des amis. On avait prévu de covoiturer à cinq. Finalement on a pris deux voitures et on est resté à distance raisonnable des copains pendant la balade. D’avoir pris notre voiture c’était déjà un geste marquant qu’on entrait psychologiquement dans le temps du confinement. Il y avait les élections aussi qui ont paru totalement surréalistes. Chez nous il n’y avait pas d’enjeu avec la liste de l’équipe sortante assurée de l’emporter. Une petite liste citoyenne se présentait cependant. Son score lui permettra quand même d’avoir quelques élus au conseil qui pourrons peut-être faire un peu pression dans le sens de certains choix plus participatifs et écologiques.

Hier mercredi journée superbe. Il faut s’habituer à voir la place centrale, sur laquelle donnent nos fenêtres, quasi totalement vide. Quel temps de promenade ! Favorisés que nous sommes, nous pouvons profiter de notre jardin. Je pense avec une certaine angoisse à nos Parisiens. Je vais faire des courses aussi. Le matin chez le charcutier encore jovial et détendu, chez le marchand de légumes qui limite les entrées dans sa boutique, à la boulangerie … On commence à prendre les réflexes, on garde la distance, derrière moi cependant arrivent deux papis l’un derrière l’autre et qui se serrent la main comme si de rien n’était et se parlent nez à nez ! On dit que ce sont les jeunes qui ne respectent pas les consignes. Pas toujours ! En début d’après-midi je vais au supermarché qui est un peu plus loin. J’ai pris mon petit « bon de sortie ». Mais avec mon sac à dos et mon cabas ma destination doit paraître assez évidente. Peu de monde au supermarché. Il y a à peu près tout mais il est vrai que les rayons de pâtes et de riz sont assez dégarnis. C’est au rayon papier toilette que le vide est le plus sensible : là oui, ça semble avoir été dévalisé. Les gens sont fous ! En payant je dis au caissier (oui, c’était un homme !) : « c’est bien calme ». « Oui, me dit-il, ça fait du bien, après quatre jours de délire, ça repose… ». J’ai donc bien choisi mon créneau.

P1010692 (Copier)

La place centrale sur laquelle donnent nos fenêtres totalement vide, étrange impression...

Sur le chemin du retour j’apprécie le silence. Je marche le long de la route de Castres habituellement très passante mais qui est très calme. Pareil sur le boulevard. Au soleil, il fait chaud. Je trouve même, très chaud, anormalement chaud pour un mois de mars. C’est à la fois jouissif - sentir l’air autour de soi et le soleil, marcher dans cette solitude et de silence - et anxiogène. Avec ce mélange d’espaces vides, de silence et avec ce soleil qui darde, ça me fait comme une impression de récit d’anticipation. Un monde de la catastrophe. Le virus évidemment mais ce qu’il y a derrière aussi, comment ne pas ressentir c mars ette crise sanitaire comme une préfiguration des désastres environnementaux qui nous attendent…  

Aujourd’hui on n’a pas bougé. J’ai pas mal travaillé sur des articles, sur la préparation des modalités selon lesquelles nous allons organiser à distance un ersatz d’assemblée générale de l’association. J’ai lu pas mal aussi.

Tout à l’heure on s’est fait un « call vidéo » comme on dit avec les enfants à Paris. Ça n’allait pas mal. Ils supportent leur promiscuité. Le petit gars chahutait joyeusement dans son bain. Ils prennent régulièrement leur température : aucun signe inquiétant suite à la contamination à la crèche. Ils essaient de ne pas prendre trop de retard dans leurs boulots.

J’ai eu Papa au téléphone aussi. Très brève conversation comme d’habitude. Très difficile de parler à quelqu’un qui est très sourd. Mais enfin l’occasion de lui faire un petit coucou, c’est déjà ça pour le sortir un peu de l’isolement. Une des deux personnes qui s’occupe de lui ne souhaite pas venir pendant le temps du virus. Heureusement que l’autre est fidèle au poste mais ça fait tout de même une interaction sociale de moins. Je crains qu’il ne régresse lui qui a tant besoin de stimulation, d’autant que les quelques activités qu’il continuait de lui-même, petites sorties, aller chercher son journal, ne sont plus possibles maintenant.

Voilà pour ce soir. J’essaierai de faire ma page tous les jours. On verra. Pour le moment je file me mettre sous mes draps avec un bon livre…


Bernard M., le 19 mars 2020

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Commentaires
M
Ceci est un simple test de commentaire ! Je ferai mieux la prochaine fois.
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